Evocation n Troublantes, émouvantes, bouleversantes : Nardjess, Latifa Benakkouche et Hassiba Abderraouf, charismatique dans leur tenue traditionnelle, se sont imposées comme des voix exceptionnelles et prenantes. Meriem Fekkaï et Fadhéla Dziria sont deux grandes voix de la chanson algérienne dans le genre hawzi, ce style musical défini comme l'intermédiaire entre le classique et le populaire, souvent mélangé allégrement ou mélancoliquement. Toutes deux – elles sont considérées à l'unanimité comme des cantatrices et figures de proue de cette musique à Alger –l'ont renouvelé et remis au gout du jour tant par leur sensibilité que par cette passion vouée à ce legs ancestral. Elles ont adopté le hawzi et l'ont adapté à leur tempérament, et elles l'ont inclus dans leur répertoire, devenu désormais leur référence musicale. Et pour honorer ces deux grandes dames qui, bien des générations après leur disparition, conti-nuent à influencer les jeunes générations d'artistes, un hommage leur a été rendu, hier, à la salle El Mougar. Trois voix, trois chanteuses, aussi célèbres les unes que les autres, chacune avec sa touche, ont pris part à cet hommage. Il s'agit de Nardjess, Latifa Benakkouche et Hassiba Abderraouf qui, par leur voix mélodieuse, cristalline et captivante ont brillamment porté celles de leurs aînées, reprenant successivement quelques-unes des chansons des riches répertoires des deux cantatrices à l'honneur qui ont marqué le patrimoine musical algérien. Elles ont été accompagnées par l'orchestre «Safinet El Fen», dirigé par le maestro Khaled Sofiane.Et le temps d'une soirée où le public était nombreux, les trois chanteuses ont fait revivre, dans une ambiance empreinte de nostalgie, la mémoire et de Meriem Fekkaï et de Fadhéla Dziria, celles qui, par leur attachement à leur identité musicale, ont œuvré, de leur vivant, à préserver le patrimoine andalou dans sa richesse et sa diversité, et à «promouvoir l'image de la femme algérienne», cette femme soucieuse de contribuer à transmettre aux générations futures un savoir-faire et à léguer un héritage qu'elles ont fructifié. Toutes deux ont marqué à jamais de leur empreinte la chanson féminine algéroise, et celles qui viennent après elles se réclament leurs héritières. C'étaient des moments pleins d'émotions et riches en sonorités que le public était convié à partager et à s'en imprégner. Troublantes, émouvantes, bouleversantes : Nardjess, Latifa Benakkouche et Hassiba Abderraouf, charismatique dans leur tenue traditionnelle, se sont imposées comme des voix exceptionnelles et prenantes. Yacine Idjer l C'est à Nardjess qu'est revenu l'honneur d'entamer en premier le récital. Elle a interprété quelques titres des deux divas : «Men Hwa Rouhi ou Rahti», «Mel Hbibi Malou» ou encore «Ya Qalbi Khelli El Hal». C'était ensuite au tour de Latifa Benakkouche de prendre le relais, en chantant, outre les chansons de Meriem Fekkai et Fadhéla Dziria, quelques-unes des pièces à succès de Boudjemâa El Ankis, El Hachemi Guerrouabi et Amar Ezzahi. Plus tard, Hassiba Abderraouf a revisité le répertoire de Meriem Fekkai et Fadhéla Dziria, en interprétant, entre autres, «Mal Hbibi Malou», «Rachiq El Qad» et «El Qalb Bat Sali», avant de reprendre quelques chansons de Seloua, une autre héritière du legs de Meriem Fekkai et Fadhéla Dziria. Organisée à l'initiative de l'Office national de la culture et de l'information (ONCI), cette soirée hommage s'inscrit dans le cadre d'une série d'hommages à des figures de la musique algérienne.