Participation n Les sportifs russes seront finalement 276 aux Jeux de Rio, après la réintégration en dernière minute vendredi soir des cinq derniers nageurs exclus. A peine plus d'une centaine donc ont été exclus, à l'issue d'un processus qui suscite de nombreuses questions. Par rapport aux éditions précédentes des JO, c'est très peu. Depuis son arrivée en tant que telle aux Jeux olympiques, en 1996, à Atlanta, la Russie n'était descendue qu'une seule fois sous le seuil des 400 athlètes, à Atlanta justement. Depuis, les délégations oscillaient plutôt entre 430 et 460 sportifs. La première liste annoncée par la Russie pour Rio en comportait 387. Auxquels ont été ajoutés deux autres sélectionnés au titre des quotas, soit 389 représentants. Au final, les différents processus de révision ont débouché sur l'exclusion de 113 sportifs, 111 en lien direct avec le dopage, plus deux malheureux rameurs privés de bateau puisque privés d'équipiers. Les réactions en Allemagne, chez les compatriotes de Thomas Bach, le patron du CIO, n'étaient pas tendres vendredi. «On aimerait dire à M. Bach : le match est fini, vous pouvez partir», a lancé, furieuse, la présidente de l'Association d'aide aux victimes du dopage, Ines Geipel, qui œuvre pour les ex-sportifs et sportives est-allemands dont la santé a été irrémédiablement dégradée par le dopage d'Etat de l'ex-RDA. «Le CIO a porté une grave atteinte à sa crédibilité (...) et il faudra de gros efforts pour rétablir sa réputation», a asséné de son côté le patron de la Fédération allemande d'athlétisme, Clemens Prokop. «C'est une victoire pour Bach, pas pour le sport honnête», a conclu l'expert antidopage Fritz Sörgel. C'est en tout cas l'opinion de son auteur, le juriste canadien Richard McLaren. «Regardez ce qu'il y a dedans et les données qu'il contient et prenez une décision sur ce qu'il y a dedans et pas sur ce qu'il n'y a pas», a accusé McLaren, jeudi soir au Guardian britannique, en précisant que son rapport «n'était pas une enquête sur des cas de dopage d'athlètes en particulier». «Ce rapport parle d'un dopage d'Etat, (...) c'est ça le rapport et les gens semblent avoir complètement raté ça». Certaines fédérations oui, comme l'athlétisme (IAAF), qui a exclu 67 des 68 athlètes russes engagés, l'aviron (Fisa), qui en a mis 22 sur 28 sur le carreau, ou l'haltérophilie (IWF), qui a éliminé les huit leveurs de fonte russes. D'autres ont clairement joué la politique de l'autruche, en retenant sans sourciller tous les sportifs russes qualifiés dans leurs disciplines, que ce soit du côté de la boxe, de la gymnastique, du tennis, de l'équitation ou de l'escrime, présidée par l'oligarque russe Alicher Ousmanov. Ce panel, constitué de trois personnes, a été mis en place par le CIO pour étudier les listes présentées par les Fédérations internationales après épuration. Ils n'ont eu qu'une semaine pour écarter ou non les sportifs russes repêchés par leurs fédérations, mais qui resteraient encore inéligibles à leurs yeux, à la lumière du rapport McLaren. Au final, le panel aura plus ressemblé à une chambre de validation qu'à un véritable dernier filtre : le panel a, en effet, purement et simplement validé les listes présentées par les FI,n'excluant aucun autre Russe malgré des cas difficiles. Et la réintégration d'Efimova et de quatre autres nageurs russes vendredi soir, à quelques minutes de la cérémonie d'ouverture des JO, après leurs victoires au TAS, ne fait qu'ajouter à une impression de malaise chez beaucoup d'observateurs. Le renfort 85 000 militaires et policiers pour la sécurité l Autre sujet de préoccupation pour les autorités du pays, plus grave celui-ci: la menace terroriste. Le pays semble avoir pris la mesure du problème en renforçant de manière significative les mesures de sécurité après les 85 morts de l'attentat de Nice le 14 juillet, avec un déploiement de 85 000 militaires et policiers. Les forces de sécurité seront déployées partout dans la ville pour assurer la protection des spectateurs mais surtout des quelque 10 500 athlètes. Le geste Bach rend hommage aux réfugiés l Le président du CIO Thomas Bach a lui aussi pris la parole, rendant notamment hommage à la délégation d'athlètes réfugiés, qui participent aux Jeux et qui ont défilé sous la bannière du drapeau olympique. «Chers athlètes réfugiés, vous envoyez un message d'espoir aux millions de réfugiés autour du monde. Vous avez dû fuir vos maisons à cause de la violence, la faim ou juste parce que vous étiez différents. Maintenant, avec votre grand talent et esprit humain, vous apportez une magnifique contribution à la société», a ajouté le patron du CIO. Il a aussi évoqué la situation dans le monde, accablé par les guerres et les attentats. «Nous vivons dans un monde de crises, de défiance et d'incertitudes. Voici notre réponse olympique : les dix mille meilleurs athlètes du monde, en compétition les uns contre les autres, vivant en même temps pacifiquement dans un village olympique, partageant leurs repas et leurs émotions». L'énigme Les athlètes brésiliens n'ont pas été contrôlés entre le 1er et le 24 juillet l L'Agence mondiale antidopage (AMA) s'est déclarée «inquiète» après avoir constaté qu'aucun contrôle n'avait été mené au Brésil entre le 1er et le 24 juillet. Le gouvernement local se défend. Selon les informations du Times, confirmées par le ministre des Sports brésilien, aucun contrôle n'a été conduit dans le pays entre le 1er et le 24 juillet. L'Agence mondiale antidopage (AMA) s'est déclarée «inquiète» et a précisé avoir envoyé un courrier au ministre en question, dont la réponse a été «insatisfaisante». Le responsable de l'Agence brésilienne antidopage a également été contacté. Selon Rob Koehler, le directeur adjoint de l'AMA, cette absence de tests est «inacceptable». Luis Horta, ancien directeur de l'agence portugaise antidopage chargé de conseiller le Brésil, a prétendu avoir subi des pressions de la part du ministère des Sports et du Comité olympique national dans le but de réduire les contrôles. Des allégations «vivement réfutées» par les autorités concernées. La suspension par l'AMA du laboratoire de Rio, seulement levée le 20 juillet (elle avait pris effet le 22 juin), serait à l'origine du défaut de contrôles selon le ministre des Sports brésilien. Trois laboratoires étrangers auraient été contactés en vain par les autorités locales. Marcus Vinicius Freire, le directeur exécutif du Comité olympique brésilien (COB), a pour sa part concédé avoir réclamé une baisse des contrôles pour préserver ses athlètes, sujets selon lui à quatre fois plus de tests que la plupart des membres de l'élite mondiale (douze, contre quatre).