Le MSP ne fera pas partie du gouvernement en cours de formation après les législatives du 4 mai dernier. Le majliss echoura de cette mouvance en a décidé ainsi, à l'issue d'une journée d'âpres débats d'où est sorti conforté Abderrezak Mokri. Celui-ci s'est engagé à quitter la présidence du MSP en cas de participation au gouvernement. La majorité des membres du parti ont voté contre la participation au gouvernement lors des travaux de la session extraordinaire du conseil consultatif national convoqué par le président du mouvement. Abderrezak Mokri qui devait animer ce samedi un point de presse pour donner plus de détails sur le sujet, avait fait savoir qu'il démissionnerait de son poste au sein du parti si le madjliss echoura acceptait l'offre d'entrée au gouvernement. Mokri veut ainsi se maintenir dans l'opposition et persiste sur ses accusations de fraude qui aurait privé le MSP, arrivé à la troisième place lors des législatives avec 34 sièges, de la victoire. Ces déclarations publiques viennent de nouveau contredire l'avis exprimé par Abou Djerra Soltani, ex-président du MSP. Ce dernier a formulé le vœu d'intégrer le gouvernement avec comme seul condition de choisir lui-même le portefeuille ministériel qu'il estime lui convenir. Abderrezak Mokri, qui était vice-président du MSP, a été choisi par ses pairs durant le 5e congrès du mouvement. Mokri, élu par 177 voix contre 65 pour son concurrent, a remplacé à ce poste Soltani qui a présidé le MSP de 2003 à 2013. Son refus de participer au gouvernement, exprimé à maintes reprises, peut s'expliquer selon de nombreux observateurs par l'ambition du parti à participer aux présidentielles de 2019. Mokri a vu ses idées davantage confortées après le ralliement d'Abdelmadjid Menasra, qui avait quitté le MSP pour fonder sa propre formation politique, après un profond désaccord avec Abou Djerra Soltani. Le retour de cet ancien ténor du parti est le signal d'une nouvelle ère au MSP et d'une redistribution des rôles au sein de la direction. Il y a à peine deux ans, ces deux partis avaient, pourtant, un discours totalement radical en appelant à la mise en place d'un processus de transition démocratique et à la création d'un organe autonome chargé des élections et de leurs supervision. Deux ans plus tard, ils se sont dits favorables à une participation aux échéances électorales sans conditions. Mais l'échec de la liste emmenée par le duo Mokri-Menasra qui traduit une position de faiblesse de ce courant dans l'électorat a poussé les deux leaders à se pencher sérieusement sur la perspective de 2019. Au total, les partis islamistes obtiennent 67 sièges, contre 60 en 2012, un rebond moins fort que ce qu'ils espéraient. Selon les résultats définitifs, l'Alliance MSP compte désormais 34 sièges après avoir obtenu un siège supplémentaire, alors que l'Alliance Nahdha-Adala-Bina a 15 sièges. Mais le président du MSP a affirmé que 70% des bureaux de vote n'avaient pas d'observateurs pour surveiller le scrutin en raison d'une mauvaise interprétation de la loi électorale. Selon le leader islamiste, dans plusieurs wilayas les procès-verbaux en possession de son parti ne concordent pas avec les procès-verbaux finaux.