En fonctions depuis moins d'un an, le gouvernement d'union de Youssef Chahed est confronté à une grogne sociale croissante, en particulier dans les régions périphériques. Les mouvements prennent régulièrement l'allure de sit-in bloquant routes et accès à certains sites. La Tunisie, unique pays rescapé du Printemps arabe, avait connu début 2016 sa plus importante contestation sociale depuis la chute de la dictature cinq ans plus tôt, après le décès d'un jeune manifestant lors d'une manifestation pour l'emploi à Kasserine à l'ouest du pays. Commentant une ancienne étude ministérielle, des sociologues tunisiens jugent que ces violences ont pris de l'ampleur sous le régime de Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011) car elles étaient un moyen de "respirer" et de "protester" dans un pays muselé. Aujourd'hui, bien que la liberté d'expression soit considérée comme un acquis de la révolution, cette violence est due au "sentiment généralisé d'injustice et de frustration envers la classe politique et les gouvernements", affirme le chercheur en sociologie Tarek Belhaj Mohamed. La majorité des personnes impliquées sont des jeunes n'appartenant à aucun parti, organisation ou syndicat, des structures devenues "incapables d'encadrer ou de proposer des alternatives", poursuit-il. Responsable d'un syndicat policier, Nassim Rouissi juge lui que l'augmentation des violences est due à "l'affaiblissement des appareils de l'Etat" depuis la révolution