Constat - Denis Martinez regrette que l'Algérie n'ait pas généré un mouvement d'art mural similaire à celui du Mexique au début du XXe siècle avec ses maîtres de la fresque populaire. De la peinture algérienne, on ne retient dans la plupart des cas que de la miniature, de la peinture à huile, de l'aquarelle..., mais très rarement - pour ne pas dire jamais - celle faite sur un support sortant de l'ordinaire et se voulant original, à savoir la peinture murale, sachant que celle-ci est une pratique à part entière. Très peu, vraiment très peu d'artistes algériens se livrent donc à ce mode opératoire. Dans les années 1980, une expérience a été menée dans ce sens dans le but de diversifier la pratique picturale algérienne et lui donner un nouvel élan. L'initiateur de cette expédition n'était autre que Denis Martinez, l'un des fondateurs de la peinture moderne algérienne. Ce dernier, à partir de ses expériences picturales, «apparaît dans sa richesse et son originalité». D'une pratique à l'autre, Denis Martinez, né le 30 novembre 1941 à Port-aux-Poules (actuelle Marsat El-Hadjadj) dans l'Ouest algérien, porte toujours, avec un sens aiguisé de l'innovation, des réflexions essentielles sur l'identité et la culture algérienne. Alors qu'il était enseignant à l'Ecole des beaux-arts d'Alger, Denis Martinez et un groupe d'étudiants entament alors, avec le soutien d'Ahmed Asselah, directeur de l'Ecole une série d'expériences artistiques à l'extérieur de l'enceinte de l'établissement. Ils interviennent sur un mur voué à la destruction à Blida ; sur des pipelines de la Sonatrach dans le désert ; au foyer des travailleurs de la base de vie et sur la façade de la Maison des jeunes à In-Amenas et, enfin, sur vingt murs à l'université de Soumâa, en construction à l'époque. «Tous les travaux artistiques réalisés ont aujourd'hui disparu», regrette aujourd'hui l'artiste, celui qui a choisi de rester en Algérie après l'Indépendance mais contraint à l'exil en 1994 (il vit et travaille depuis à Marseille). Il continue cependant à peindre et à animer des ateliers en Algérie depuis les années 2000.En plus, cette expérience picturale, s'avérant hélas éphémère, a été systématiquement reléguée à l'oubli, malgré qu'elle ait porté en elles des bourgeons qui auraient pu donner lieu à un art mural développé et sans cesse en évolution. Rien de cela n'a été donc fait. Appelant à «capitaliser les expériences pour amener à avancer plus vite et mieux», Denis Martinez regrette que l'Algérie n'ait pas généré un mouvement d'art mural similaire à celui du Mexique au début du XXe siècle avec ses maîtres de la fresque populaire, à l'exemple de Rivera, Siqueiros et Orozco. Dans un livre sorti aux éditions Apic et portant le titre de «A peine vécues... Trois actions picturales expérimentales en Algérie (1986-1987)», l'auteure, Dominique Devigne, restitue fidèlement - et avec un sentiment empreint de nostalgie - ces expéditions picturales à ciel ouvert. Cela a permis donc de découvrir, avec des anecdotes aussi désopilantes qu'instructives, les circonstances et le déroulement de ces projets.