Résumé de la 1re partie Le grand-père Mangeot, 75 ans, monte sur un grand tilleul et jure de ne pas en descendre. «Ecoute-moi, Rémy, ne te conduis pas comme un bandit, voyons. Descends que je te cause.» Mais le canon pointe à travers les feuillages... «Rémy, ne fais pas l'idiot !» Mais le grand-père a dit qu'il tirerait, et il tire. Juste devant les pieds de Marthe, qui hurle et se sauve comme un lapin, à moitié morte de peur. Faire cela à une pauvre vieille de quatre-vingts ans ! Cette fois, Louis n'en peut plus. C'est un monstre, un fou dangereux et il faut l'enfermer, ce vieux ! Louis saute par-derrière la maison, enfourche sa bicyclette et pédale vers le village, à six kilomètres de là. En priant le ciel pour que le camion de déménagement n'arrive pas avant les gendarmes. Du haut de son tilleul, le vieux Rémy a vu son fils pédaler sur la route et salue son départ d'une nouvelle salve de plomb en l'air, accompagnée d'injures. Puis le calme revient momentanément dans la ferme. A l?intérieur, on attend le retour de Louis. Sur son tilleul, le vieux surveille la route. Un quart d'heure plus tard environ, un camion arrive en grondant de toutes ses ridelles, tourne au coin de la grange et stoppe devant la ferme. A cinquante mètres du tilleul. Avant même que les deux déménageurs aient ouvert une portière, pan, une fois, pan, deux fois, et plus de pneus sur la roue arrière et la roue avant gauche du camion. De l'intérieur de la maison, on hurle des avertissements aux deux hommes ahuris dans leur cabine, et il se passe quelques minutes d'explications difficiles que le grand-père conclut d'une nouvelle menace : «Ne bougez plus, espèces d'oiseaux de proie, déménageurs de ferme !» Une discussion s'engage alors entre les assiégés : ceux du camion et ceux de la ferme. C'est une discussion à grands cris, car il faut se répondre à plusieurs mètres de distance et tête baissée : les uns derrière les portières, les autres derrière les fenêtres. Et de toute façon, il est impossible de bouger le camion, avec deux roues crevées. C'est Fort Chabrol avec un grand-père de soixante-quinze ans dans un tilleul. Il faut se rendre à l'évidence. Là-dessus les gendarmes arrivent et le grand-père s'exerce à nouveau au tir au pigeon sur leur voiture. Et pan dans la carrosserie ! D'un coup, le réservoir ! Nouvelle discussion entre les gendarmes, la famille, les camionneurs et le grand-père, toujours de loin. Mais cette fois le cas est grave, car le grand-père a tiré sur les forces de l'ordre. «Au nom de la loi, Rémy Mangeot, descends de cet arbre !», dit le chef des gendarmes. «Non, et non ! Et foutez-moi le camp !» Et ainsi de suite, avec nuances et variations dans les menaces et les supplications. (à suivre...)