Mesure La création d?un cadre organisationnel chargé de soutenir la production cinématographique s'est imposée comme une nécessité impérieuse compte tenu de la dégradation du secteur. Le Centre national du cinéma et de l'audiovisuel (Cnca), dont le décret portant création a été promulgué dernièrement, vient donner forme à une des revendications des travailleurs du secteur après la dissolution des trois entreprises de production cinématographique et d'audiovisuel à la fin des années 1990. Au lendemain de la dissolution, les travailleurs se sont organisés au sein d'une association culturelle, Lumières, pour défendre leurs droits et leur métier menacé. La création d'une entreprise ou d'une nouvelle structure constituait une priorité pour cette association, en plus de la reprise de la propriété matérielle des entreprises dissoutes, notamment le matériel et le laboratoire. Le temps passant, la création de ce cadre organisationnel s'est imposée comme une nécessité impérieuse compte tenu de la dégradation du secteur. Deux seules options s'offraient aux cinéastes : se rendre à l'étranger pour y travailler ou alors rester au chômage. Certains cinéastes affirment que nombre de leurs projets sont restés bloqués au terme du tournage, en dépit de moult tentatives de les finaliser. Devant les appels incessants des cinéastes, il a été décidé de créer le Cnca, qui vient en remplacement du Centre de projection cinématographique, créé en 1988 pour la distribution des films produits au niveau national. Le Cnca est investi de la mission d'organisation et de régulation du secteur cinématographique et de préservation du patrimoine du secteur. Le centre devra également, selon le décret portant sa création, combler le vide structurel et juridique du secteur en proposant des textes législatifs et organisationnels régissant son activité. Il s'agit notamment de lutter contre le piratage à travers la mise en place d'un registre public du cinéma et de l'audiovisuel où seront répertoriées toutes les conventions relatives à la production, la distribution et l'exploitation des films en Algérie. Cet organisme a également pour mission de redorer le blason du cinéma algérien, intensifier sa présence au plan international, veiller à la protection du film algérien, récupérer et gérer les droits cinématographiques et les archives produites ou co-produites par l'Etat, consolider le réseau de distribution et moderniser les outils de production. Les professionnels du cinéma ont favorablement accueilli l'annonce de la création du Cnca, qui exauce un rêve longtemps espéré en attendant la personne qui dirigera ce centre. Des membres de l'association Lumières, en charge actuellement de la sauvegarde et de la maintenance du matériel cinématographique des entreprises dissoutes, ont exprimé le v?u que cette personne soit du monde du cinéma. En attendant, la grande ambition des professionnels du secteur est que le centre puisse réellement promouvoir l'industrie cinématographique pour réhabiliter une chaîne de distribution qui a subi de grands préjudices avec la perte de nombreuses salles de projection. Estimées à près de 500 en 1962, les salles de cinéma ont vu, en effet, leur nombre se réduire à une cinquantaine. La réhabilitation des salles endommagées et la construction d'autres doit donc figurer au plan de charges du Cnca. Autre aspiration des cinéastes : inscrire la formation et la prise en charge des métiers cinématographiques parmi les préoccupations du centre ainsi que la récupération du laboratoire de l'Enpa dissoute.