Ambiance Les dattes, la h?rira et le thé à la braise font partie du legs ancestral. Les habitants du Gourara, du Touat et du Tidikelt, les trois principales régions de la wilaya d'Adrar, sont d'avis que les us et coutumes du ramadan de cette partie de l'extrême sud-ouest du pays, sont menacées de disparition pour cause d?abandon par bon nombre de citoyens. Parmi ces us et coutumes ancrés dans l'histoire et la civilisation de cette région et qui pourraient disparaître, sont citées des habitudes des familles adraries au moment du f'tour (rupture du jeûne), qui véhiculent un sens collectif, social et religieux. Ces habitudes sont également liées à la santé de l'individu, explique un universitaire, Moulay Rezouki Abdallah, natif de la région. Ainsi, les familles adraries préféraient consommer d?abord, au f?tour, du lait et de dattes pour que chacun reprenne des forces après le labeur de la journée marquée par de fortes chaleurs, se rappelle cet universitaire. Ensuite, les jeûneurs accomplissaient collectivement la prière du maghreb, et entamaient ensuite la préparation du thé sur la braise, une opération qui peut durer jusqu'a 40 minutes. Le premier verre de thé était alors siroté. Ce n?est qu?ensuite que les Adraris consommaient la h?rira (soupe riche) avant de quitter encore une fois la table pour se rendre à la mosquée pour les prières d'el-icha et des tarawih. Cette manière de faire dans la rupture du jeûne, en décalant les plats, permettait, selon Moulay Rezouki Abdallah, de laisser la personne légère pour l'accomplissement, sans fatigue aucune, des prières, et de lui ouvrir l'appétit pour manger à sa faim, vers minuit, les plats qui garnissaient la meïda du ramadan. Cette manière de rompre le jeûne a plusieurs avantages sociaux, notamment chez les familles nécessiteuses qui peuvent se suffire de dattes, de lait et de h?rira, un plat considéré comme complet. Le docteur Khodja Abdessalam appuie et partage aussi l'avis de M. Moulay ; il indique que la rupture du jeûne par étapes permet une bonne digestion de la nourriture. Gardant toujours vivaces les souvenirs du temps passé et les us et coutumes des populations de la région, l'universitaire pense que la menace de disparition de l'ambiance de ramadan originelle est due à la «modernité» qui a envahi les foyers des régions du Sud au même titre d'ailleurs que ceux du Nord, des grands centres comme des plus petits.