Production Le TRC a choisi d'être présent dans le programme spécial ramadan confectionné par le TNA, par deux des ses productions les plus prestigieuses, Diwan laâdjab et Def el-Goul ouel bendir. Produite pour la première fois en 1990, la pièce Diwan laâdjab écrite par Allaoua Boudjadi au début des années quatre-vingt et mise en scène par Abdelhamid Habbati, est une satire caustique des pouvoirs décadents qui croient gouverner alors qu'ils ne sont en réalité que de simples marionnettes entre les mains de groupes d'intérêt. Le pouvoir mis en scène par Diwan laâdjab est celui d'un monarque de la fin de la dynastie des Abbassides alors en pleine déliquescence. Un montreur de singes de la tribu des Sassanides, en distrayant le roi, finira par lui révéler cette vérité crue et implacable. Outré, le monarque démissionne et c'est le saltimbanque qui le remplace, puisque le peuple a besoin d'une autre marionnette pour occuper le trône vacant. Dans la version révisée, présentée au 15e Festival international du théâtre expérimental du Caire (septembre 2003), Antar Hellal a obtenu le premier prix d'interprétation masculine, il y campe le rôle du saltimbanque devenu roi et avec l'art consommé du comique qu'on lui connaît. En fait, dans cette pièce, c'est toute la finesse et le talent des comédiens du TRC qui jaillit dans toute sa splendeur et fait de Diwan laâdjab une pièce drôle, hilarante. Conçue dans une forme pré-théâtrale connue dans le monde arabe à la fin du règne abasside, «el-baba», cette pièce offre la possibilité aux comédiens d'affirmer leur talent d'improvisation aussi bien dans le texte que dans la mise en scène en rompant avec le style rigide du théâtre aristotélicien. Quant à Def el-Goul ouel bendir, mise en scène pour la première fois en 1986, elle constituait, déjà en son temps, une rupture par rapport à ce qui se faisait dans les théâtres nationaux. Dans cette pièce, Mohamed Tayeb Déhimi, son auteur et metteur en scène, s'est vu donner la réplique par Aïssa Redaf et Nacereddine Abassi qui ont co-signé la scénographie, expérimentant une nouvelle approche de l'art théâtral. Même si c'est dix-huit ans plus tard et à l'étranger, cette expérience avant-gardiste a enfin trouvé la reconnaissance qu'elle méritait en décrochant le premier prix au 16e Festival international du théâtre expérimental du Caire (2004). Avec cette distinction, ce sont les efforts soutenus sur une trentaine d'années de Aïssa Redaf, scénographe et comédien du TRC, qui se trouvent récompensés. La nouvelle version revue et corrigée de Def el-Goul ouel bendir lui doit sa scénographie. Il faut reconnaître toutefois que l'écriture libre et surréaliste de Tayeb Déhimi dans le texte dramatique se prête à toutes sortes de fantaisies scénographiques, c?est un hymne à la liberté et un procès en règle contre l?hypocrisie et le travestissement de la vérité. Def el-Goul ouel bendir met en effet en scène les trois personnages mythiques que sont El-Haledj, Othello et Antar Ibn Chedad, qui révèlent d'autres vérités sur leurs personnalités réelles et non plus celles que les historiens et les littérateurs ont bien voulu leur attribuer.