Rituel Dès que le ramadan arrive, Saâdia, une mère de famille, retrousse ses manches pour entamer la préparation de gâteaux et de friandises traditionnels qu?elle revend ensuite aux commerçants et aux marchands, ses principaux clients. «Autrefois, j?aidais ma mère à préparer ces friandises que mes frères revendaient dehors. Donc, j?ai appris à cuisiner depuis mon jeune âge. Ce n?est pas nouveau pour moi», confie-t-elle. La cinquantaine passée, notre cuisinière déborde de vie et d?énergie. Un visage ridé et des yeux pétillants. «Ma mère, que Dieu ait son âme, m?a appris que la vie est dure et qu?il faut bien assurer sa survie. Elle me disait qu?il y avait toujours un moyen de s?en sortir si l?on réfléchissait bien et elle avait raison. Tout travail est honorable.» Saâdia est aidée par ses deux filles Lamia (25 ans) et Kenza (23), des universitaires qui doivent consacrer spécialement la majorité de leur temps à la préparation des gâteaux durant le ramadan seulement. Elles se relaient pour assister leur mère. «Ce n?est pas toujours facile de trouver du temps, mais il le faut», rétorque Lamia. «Le salaire de mon mari ne suffit pas durant les jours ordinaires, alors que dire du ramadan où les prix affichés vous donnent le tournis. J?ai huit bouches à nourrir et à vêtir pour l?Aïd, avec un seul salaire misérable de 16 000 DA !» L?emploi du temps de ces trois femmes est chargé. Elles se lèvent tous les jours à l?aube, juste après le s?hor, elles commencent la préparation des différentes pâtes des gâteaux : qtayef, samsa et m?hancha. Ce n?est que vers 15h que les cuisinières terminent leurs gâteaux. Les trois enfants emportent ensuite la «marchandise» encore chaude aux commerçants du coin l?ayant déjà commandée. «Ce n?est qu?à cette heure-ci que je commence à préparer mon f?tour», marmonne Saâdia en précisant qu?elle compte bien initier ses filles à cette «tradition» pour qu?elles la perpétuent. «C?est la vie, on ne peut jamais savoir ce qu?elle nous réserve. Moi, ce métier m?a vraiment aidée. Je soutiens mon mari et c?est une autre source financière. Croyez-moi, cela nous permet de fêter l?Aïd en toute quiétude.»