Distinction Le séisme est une chose, la sismologie en est une autre. Le premier est un phénomène naturel qui, dépassant la magnitude de trop, le seuil tolérable, peut tuer par centaines, voire par milliers et fait sortir des entrailles de la terre tout un lot de désastres. La seconde étudie comment, pourquoi et de quelle manière intervient ce cataclysme dévastateur. Cerner le phénomène permettra, dans une certaine mesure, à nos concitoyens, «d?accepter» le séisme et non pas de le subir et subir de plein fouet ses châtiments. Comprendre cela permettra surtout d?avoir beaucoup moins de blessés qu?une panique généralisée pourrait provoquer comme cela a été le cas, le 1er décembre dernier à Boumerdès. Des centaines de personnes se bousculaient, ce jour-là, dans les escaliers des immeubles dans une cohue indescriptible. Une réaction épidermique qui a engendré plus de 70 blessés dont deux graves et plus de 90 évanouissements ! Toute une pagaille pour rien? Lutter contre les forces indestructibles de la nature étant une ?uvre vaine et sans résultat probant, nos sismologues doivent au moins vulgariser tout ce qui gravite autour du mot séisme. Expliquer, par exemple, ce que veut dire réellement magnitude, échelle de Richter ou de Mercalli, raz de marée, activité sismique équivaudrait à inculquer aux Algériens des «leçons» fort précieuses. La différence entre un séisme et une réplique doit obligatoirement sortir du carcan purement géologique pour devenir, et c?est une nécessité, un cas social de premier ordre. Comme il existe un après-séisme, il doit y avoir impérativement un avant-séisme. Et cela est du ressort, avant tout, de nos sismologues, incapables, malheureusement, de quitter leur carapace de scientifiques agrippés à longueur de journée à l?aiguille du sismographe. Nos concitoyens doivent comprendre que la différence entre un séisme et une réplique ne se résume pas à la seule «faille» syntaxique. Presque deux ans après le tragique 21 mai 2003, la terre a tremblé mille fois sous nos pieds fragilisés par la hantise. Mille fois sans que l?on sache s?il s?agit d?une réplique ou d?un séisme. Depuis le 21 mai 2003, le dialogue de sourds entre les pro-Bounatero, alarmistes à l?extrême, et les anti, connus pour leurs conclusions modérées, ajoute au désarroi des citoyens. Si, par une bonne campagne d?information, ces derniers apprennent à faire le tri entre un tremblement de terre, une secousse tellurique et une réplique, ils sauront certainement changer leur comportement en fonction du comportement de la terre et l?on n?aura plus besoin de dire dans les écoles, par exemple, aux élèves qu?il vaut mieux aller mourir chez soi à côtés de ses parents !