Evénement Chiites et Kurdes en force, sunnites absents, le scrutin de la peur a commencé ce matin à 7h (4h GMT) au milieu de mesures de sécurité draconiennes? Peu après l?ouverture des bureaux de vote pour les premières élections multipartites depuis 1953, le chef de la commission électorale indépendante, Abdel Hussein al-Hindaoui, déclarait que le scrutin se déroulait «sans problèmes». Mais à peine une heure après, ses déclarations étaient démenties par les faits. Un attentat-suicide a été commis, ce dimanche matin, près d'un bureau de vote de Bagdad, causant la mort de sept civils, deux policiers et un kamikaze. Auparavant, un kamikaze s'est tué en attaquant de la même manière un bureau de vote dans l'ouest de la capitale, provoquant la mort d'un policier et en blessant deux autres ainsi que deux soldats. A Balad, une femme, qui allait voter, a été tuée et une autre blessée ainsi que son enfant par un obus qui s'est écrasé dans un bureau de vote. Non loin de là, un obus est tombé près d'un autre bureau de vote sans faire de victime. A l'ouest de la capitale, une personne a été tuée et quatre autres blessées dans un autre attentat contre un bureau de vote, a indiqué la police. A Bassora, capitale méridionale de l'Irak à forte majorité chiite, un obus de mortier s'est abattu près d'un bureau de vote sans faire de blessé, tandis qu'à Kirkouk, ville multiethnique du Nord, des mortiers ont été tirés sur la base américaine, provoquant une alerte juste avant le début du scrutin. Au total, 14 personnes ont été tuées et 26 autres ont été blessées dans des attentats et des attaques à Bagdad et dans les localités voisines, quelque quatre heures et demie après l'ouverture des bureaux de vote. La capitale irakienne, où la circulation automobile était interdite, a ensuite résonné de bruits d'explosions à l'origine indéterminée. Cela a été aussi le cas à Baâqouba, fief rebelle situé à 60 km au nord de la capitale. Par ailleurs, les bureaux de vote n'étaient pas ouverts, ce dimanche matin, dans les localités au sud de Bagdad, surnommé le «triangle de la mort», quatre heures après l'ouverture du scrutin, a indiqué un porte-parole de la Commission électorale. «A Latifiyah, Mahmoudiyah et Youssoufiyah (localités situées à une cinquantaine de kilomètres au sud), les bureaux de vote n'ont pas ouvert leurs portes», a affirmé ce porte-parole, Farid Ayar, qui rappelle que «Latifiyah, Mahmoudiyah et Youssoufiyah sont des endroits très dangereux». Les résidents de ces régions ont été autorisés à se rendre dans les bureaux de vote les plus proches. En pays chiite, des milliers d'électeurs se pressaient devant les bureaux de vote dans la matinée, comme dans la ville sainte de Najaf, à 160 km au sud de Bagdad. Les chefs spirituels et politiques de la communauté chiite, majoritaire, ont encouragé les leurs à aller voter, tout comme les Kurdes, tandis que les sunnites, qui ont dominé la vie politique de l'Irak moderne, ont été appelés à boycotter le scrutin et leur principale formation politique, le Parti islamique irakien, s'est retirée de la course. Les électeurs étaient également nombreux dans la région autonome du Kurdistan comme à Erbil où régnait une ambiance de fête et où une électrice, Pina Mohammed, 30 ans, déclare avoir la conviction qu'en votant, elle rendra «l'avenir meilleur».