Traiter le traumatisme est indispensable pour le bien-être des individus. Pour cela, la reconnaissance de la souffrance est fondamentale pour la victime car «une souffrance non reconnue par un individu risque de se transformer en violence envers lui-même (suicide) ou envers l?extérieur, c?est-à-dire envers ceux qui ne la reconnaissent pas». La législation algérienne accorde le statut de victimes aux personnes blessées physiquement au cours d?un accident donné, mais pas à celles ayant subi un traumatisme psychologique. Ce qui est aberrant, car les victimes souffrent dans les deux cas. Les participants à un séminaire organisé récemment à l?Ecole de police de Châteauneuf ont unanimement appelé, d?ailleurs, à revoir ladite législation. Parlant des souffrances des personnes traumatisées et de la nécessité de les considérer comme des victimes à part entière, le professeur Laïdli citera l?exemple de cette femme violée par les terroristes en 1995 qui a été reniée par ses frères. «Comme elle prend régulièrement des médicaments et n?a pas de ressources pour les payer, elle s?est retrouvée dans l?obligation d?aller demander le statut de victime du terrorisme. Mais ses souffrances morales n?ont pas suffi, puisqu?on a exigé d?elle des preuves matérielles. Si elle n?avait été victime que d?une tentative de viol, elle n?aurait pas obtenu le statut de victime malgré ses souffrances», a-t-il déploré. Selon Farid Aïssou, chargé des études et de synthèse au ministère de l?Intérieur et des Collectivités locales, si les personnes souffrant de stress post-traumatique ne bénéficient pas du statut de victimes et ne sont, par conséquent, pas indemnisées, c?est parce qu?il est impossible de «quantifier le handicap».