Parmi les expressions les plus courantes en Algérie, il y a celle-ci : «Ya chari dalla», que l?on peut traduire ainsi : «qui veut acheter le tour ?» où le tour est la place que l?on prend dans un rang successif : autrement dit : «A qui le tour ?» Ce proverbe s?adresse à ceux qui se moquent des autres et se croient eux-mêmes à l?abri de la moquerie et des souffrances, pour leur dire que leur tour viendra. Ya chari dalla signifie qu?on a beau rire de ce qui arrive aux autres, on souffrira un jour des mêmes peines. On raconte, à l?appui de l?expression, qu?une mendiante avait l?habitude de frapper à la porte d?une maison de riches pour demander de la nourriture. La maîtresse de maison l?introduit dans la cour et lui apporte une assiette pleine de nourriture, mais elle ne la lui donne qu?à une condition : la divertir en compagnie des gens de sa famille, en chantant et en dansant. La mendiante, tenaillée par la faim, prend le tambourin qu?on lui donne, elle se met à en jouer, elle esquisse des pas de danse et chante une étrange chanson qui finit toujours par ces mots : «Ya chari dalla ! ya chari dalla !» La riche riait, elle ne comprenait pas le sens de ces mots qu?elle prenait pour l?air d?une chanson. Et puis un jour, le malheur frappe la maison du riche : le mari meurt, les enfants se partagent l?héritage qu?ils dilapident ; la mère, elle, se retrouve dans la rue, réduite à la mendicité. L?ancienne mendiante, elle, a épousé un homme riche et c?est elle qui la reçoit dans une maison cossue. Elle la reconnaît aussitôt et la soumet au traitement auquel elle avait droit autrefois. Elle lui explique alors les propos étranges de sa chanson : «ya chari dalla !» (ton tour est venu !)