Résumé de la 3e partie Stephen a reçu 600 dollars de Betty pour faire le guet devant la maison de Mike et Helen. L?avocat de Stephen prend le relais du feuilleton : «Mon client a demandé à Betty d?où elle sortait autant d?argent», elle a répondu : «Je couche avec des hommes pour le fric». Elle se disait follement amoureuse de ce Mike et en parlait sans cesse. Finalement, mon client lui a demandé pourquoi elle se prostituait avec tant d?hommes si elle était tellement amoureuse d?un seul. Elle a répondu : «Je suis instable, j?ai besoin de ça, énormément.» Ensuite, elle a proposé à mon client un plan pour tuer l?épouse de Mike. Il devait se cacher dans les buissons avec un revolver ; elle irait sonner à la porte en se faisant passer pour une collégienne vendant des bonbons pour une fête de charité. Lorsque Helen serait dans la ligne de tir, Stephen n'aurait plus qu'à tirer. Mon client n'a pas tenu le coup. Lorsque le moment est venu de tirer, il a renoncé. Il m'a déclaré : «Je lui ai dit que je me tirais de là en vitesse. Cette fille est complètement névrosée ! Elle m'a répondu qu'elle allait chercher quelqu'un d'autre pour l'aider.» Quelqu'un d'autre ; le voici, présenté par son avocat. Il s'agit de Peter, vingt et un ans, employé dans un garage. ? Mon client a déclaré que le 19 mai, il s'est rendu chez Betty et lui a vendu un revolver pour 800 dollars. Il n'y a pas eu d'histoire de sexe entre eux, mais il n'aurait pas refusé si elle l'avait proposé. Il l'a emmenée sur sa demande dans sa voiture, une Thunderbird rouge, jusqu'au domicile d?Helen. Elle savait exactement ce que faisait cette femme, elle lui a demandé de l'attendre au volant. Mon client tient à préciser qu'il ignorait les intentions de Betty, qu'il n'avait pas la moindre idée qu'il y avait un meurtre prévu dans cette histoire. Lorsqu'elle est revenue en courant, il a paniqué et a foncé aussi vite qu'il le pouvait. Les avocats ont de courts résumés, destinés à protéger leur client au maximum. On se demande tout de même comment ce garçon a pu vendre une arme à une adolescente et prétendre qu'il ignorait complètement l'usage qu'elle pouvait en faire, alors qu'il la conduisait au domicile même de la future victime... En juin 1992, alors que la Lolita des faubourgs est toujours détenue, les journalistes, à l'affût de la suite de ce feuilleton extraordinaire, interviewent les parents. Ce sont de braves gens, totalement dépassés par l'histoire. La mère dit : ? On ne nous a prévenus que douze heures après l'arrestation de Betty... Ce n'est pas légal. Le père, lui, avoue : ? Notre fille est très indépendante. Elle a déjà fugué, elle a déjà eu un accident de voiture, j'ai dû lui en acheter une autre. C'est une enfant totalement incontrôlable. Peter est libéré sous caution de 100 000 dollars. Betty est toujours en cellule, soigneusement gardée, à l'écart des autres prisonnières. Mais un feuilleton sur la côte Est se doit d'entretenir un suspense. Voici qu'une chaîne de télévision annonce la diffusion d'une cassette vidéo privée dont elle a acheté les droits à un ex-client de Betty, pour 8 000 dollars. Le 1er juin 1992, elle la diffuse sans aucun complexe. La cassette s'intitule Affaire en cours. Le client, vingt-huit ans, a enregistré en secret trois de ses rendez-vous payants avec Betty. Chez lui. On le voit au début, en pleine lumière, assis au bord de son lit. Voici les dialogues : Betty : «Occupons-nous du fric d'abord. Quand on n'a plus de souci de ce côté, on peut s'occuper du plaisir. Je n'aime pas penser au fric et au plaisir en même temps.» Le client : «Ah ! Ah !... Je vois ce que tu veux dire?» On le voit payer 100 dollars. Puis, après quelques ébats sans intérêt en pleine lumière, elle lui demande d'éteindre. Les sept minutes suivantes se passent dans la pénombre, l'écran est noir. Lorsque la lumière revient, on entend l'homme demander à Betty de l'accompagner à une soirée entre célibataires. Elle répond : «Tout ce que tu veux. Je suis libre, je m'en fous, j'aime le sexe.» (à suivre...)