Résumé de la 4e partie En juin 1992, alors que la Lolita des faubourgs est toujours détenue, les journalistes interviewent ses parents. Pour 8 000 dollars, aux Etats-Unis, le reality-show prend du relief, avec pas mal de noir tout de même. Et les affaires criminelles en cours sont bien loin du secret de l'instruction, dont on dit pourtant, en France, qu'il bat la breloque... L'assistant du procureur, toujours lui, déclare dans sa conférence de presse : ? Cet homme n'est pas le seul client de Betty. Nous avons quatre témoins qui confirment qu'elle était bien employée par cette organisation d'hôtesses, en professionnelle. Cette société se dit «service d'escorte» et est installée dans deux pavillons paisibles d'un quartier résidentiel de l'Etat de New York. Betty ne figure pas parmi les employées modèles. Elle est si culottée, tellement maligne et organisée, qu'elle avait réussi à détourner les clients de la société pour son bénéfice personnel. Environ dix clients la contactaient directement ; c'est pour cela qu'elle portait un bip à l'école. Après cette déclaration, le feuilleton semble faiblir. Il faudra attendre le procès, en 1993, pour, peut-être, en savoir davantage. Mais l'avocat de la petite Betty, la Lolita des faubourgs, a un autre tour dans son sac pour finir en beauté. Il organise une conférence de presse, celle qui, enfin, va faire bondir les avocats, les magistrats et les journalistes eux-mêmes. ? La caution de ma cliente s'élève à deux millions de dollars, vous le savez tous. J'ai décidé que cette enfant avait le droit de se servir de toute la publicité qui a été faite autour d'elle. Je propose l'achat des droits de son histoire à quiconque pourra payer cette caution ! Stupéfaction générale et rapide tour de table. Deux millions de dollars ! C'est en général ce que paye un diffuseur américain pour une centaine d'heures de films télé ! Et qu'un diffuseur américain ose payer la caution d'une inculpée de meurtre au deuxième degré, puisqu'il y a préméditation, serait scandaleux ! Constitution des Etats-Unis, irais-tu jusqu'à voler si bas ? Dès cette proposition faite, l'avocat s'empresse d'ajouter : ? J'ai déjà reçu une douzaine d'offres en un seul jour ! J'espère vous annoncer la conclusion du marché cette semaine ! Esbroufe ? Une chaîne de télévision offrirait réellement deux millions de dollars pour s'assurer les droits de l'histoire de Betty ? Et quelle histoire ? Celle d'une prostituée de collège ? Celle d'une amoureuse fanatique d'un père de famille ? En fait, le contrat n'est toujours pas signé, les télévisions réclamant le droit d'utiliser des détails scabreux et l'avocat, voulant se réserver le droit d'articuler la défense de sa cliente, au procès, autour du thème : «Elle a été violée par cet homme, puisqu'elle n'avait que seize ans...» On signale, aux dernières nouvelles, l'intervention financière d'un riche assureur, d'un âge certain, quatre-vingts ans, qui se porterait garant de plus de la moitié de la caution. La propre famille de la meurtrière réunissant le reste par hypothèque de leurs biens. Sur les marches de bois de leur maison du front de mer, là où elle a failli mourir le 19 mai 1992, Helen, le visage déformé et lunettes noires, pose au côté de Mike, appuyé sur l'épaule de son fils aîné, douze ans. Elle est défigurée à vie, marche avec peine car elle a perdu le sens de l'équilibre, sa vue est dédoublée en permanence, la balle est restée logée quelque part au niveau de la colonne vertébrale, à hauteur du cou. C'est l'été, elle est en short blanc et pull marin. Elle déclare aux journalistes : ? Notre histoire est extrêmement simple. J'aime Mike et Mike m'aime. Nous ne nous quitterons jamais. Notre foyer est indestructible. Mais surtout : ? J'ai signé un contrat pour un téléfilm, peut-être une minisérie, avec un pourcentage prévu sur les ventes de cassettes vidéo... Le montant du minimum garanti approche les 5 millions de francs français. Selon les avocats de la victime, cette somme servira à régler les frais médicaux d?Helen. En somme, les deux femmes de cette histoire se débrouillent assez bien dans les négociations de l'événement. C'est une première mondiale : avant même le procès, il est bien possible que le téléfilm soit écrit, version victime, et que la coupable puisse le voir à la télévision, côté coupable. Le seul à ne pas pouvoir prétendre au rôle de star d'Hollywood, dans ce scénario, c'est l'homme, séducteur, violeur, souteneur ou amant piégé, selon les versions.