Crainte Le président libanais Emile Lahoud a mis en garde samedi contre une «catastrophe» si les manifestations se poursuivent au Liban. En effet, les alliés de Damas ont annoncé une série de rassemblements pour contrer le mouvement déclenché par l'opposition après l'assassinat de Rafic Hariri. «Si les manifestations continuent çà et là, il suffira à celui-là même qui a perpétré l'assassinat de lancer une grenade. Qu'en sera-t-il alors de nos enfants ?», a lancé M. Lahoud en recevant une délégation du syndicat de la presse au palais de Baabda près de Beyrouth. «S'ils veulent continuer (à manifester), un petit pétard mènera à la catastrophe», a insisté M. Lahoud, dont des extraits du discours d'une heure et demie ont été diffusés par les télévisions locales. «Nous ne sommes ni en Géorgie ni en Ukraine. Nous avons vécu 17 ans de guerre, cette chose peut arriver à nouveau, mais nous n'allons pas laisser faire», a-t-il ajouté. L'opposition antisyrienne a appelé à un rassemblement lundi sur la place des Martyrs, dans le centre de Beyrouth. L'opposition plurielle a rendu les régimes libanais et syrien, en sa qualité de «pouvoir de tutelle», responsables de l'assassinat de Hariri. Les alliés de Damas, notamment le Hezbollah chiite, ont repris le contrôle de la rue et fait défiler des centaines de milliers de partisans dans le centre de la capitale. Ils ont annoncé un programme de manifestations similaires dans tout le pays, notamment ce dimanche à Nabatiyé, au Liban sud. M. Lahoud a fait siennes les exigences de l'opposition qu'il a accusée, indirectement, d'avoir «jugé le dialogue inutile puisqu'ils ont trouvé un appui à l'étranger, notamment auprès de la France et des Etats-Unis». Evoquant «la vérité» sur l'assassinat de Hariri, il a assuré que cette question constituait une «priorité» pour l'Etat. «Celui qui l'a perpétré voulait susciter une insurrection. Si on ne le trouve pas, il recommencera. Il est de l'intérêt de l'Etat de le découvrir au plus vite, car le crime visait tout le Liban», a-t-il dit, soulignant la coopération des services libanais avec la mission d'enquête dépêchée par l'ONU. Face à la demande de l'opposition de limoger les responsables des six services de sécurité et le procureur général, M. Lahoud a promis que toute personne ayant fait preuve de négligence serait sanctionnée, «mais dans le cadre des institutions». M. Lahoud a, par ailleurs, affirmé qu'il avait examiné la situation vendredi soir avec le chef de l'Eglise maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, avant que ce dernier ne se rende lundi aux Etats-Unis, où il doit être reçu mercredi par le président américain George W. Bush. Le patriarche maronite, hérault de la lutte contre la domination syrienne du Liban, est un personnage central de l'opposition.