La présence probable de pétrole près d'Odiama (sud), où le géant pétrolier anglo-néerlandais Shell espère exploiter un nouveau gisement, a déclenché une vague de violences qui a entraîné la mort d'au moins 28 personnes et la destruction complète de la localité portuaire. La querelle entre les communautés d'Odioma et celle, voisine, d'Obioku, centrée sur un problème de terres supposées pétrolifères, n'est pas nouvelle, mais l'arrivée, fin janvier, d'ingénieurs de Shell pour une visite de prospection l'a rallumée alors que règnent la misère, les rivalités politiques et la lutte entre gangs armés, caractéristiques de cette région du delta du Niger pourtant productrice de millions de barils de brut par jour. Les échauffourées entre les deux communautés ont tout de suite dégénéré imposant l?intervention de l?armée. Un incendie causé par l?explosion des fûts de pétrole a ensuite ravagé toute la localité construite sur le champ pétrolifère. Il y a eu des morts et beaucoup de blessés. Un général affirme que l'incendie a été provoqué par des balles perdues qui ont fait exploser des fûts de pétrole. Dans les ruines noircies par les flammes, certains habitants reviennent parfois récupérer quelques biens comme Alabota Johnson, 60 ans. «Je cherche n'importe quoi. Tout le monde a fui, il n'y a plus de maison», marmonne-t-elle devant les murs écroulés de sa maison. Shell avait passé un accord, en 1998, avec Obiaku, qui refuse de partager la manne pétrolière avec sa voisine Odioma en dépit de la médiation des autorités locales.