Mesure Dans le cadre des réformes de la Ligue arabe, il a été décidé la création d?un embryon de Parlement panarabe. La commémoration du 60e anniversaire de la Ligue arabe célébré, hier soir, par «une photo de famille» et un dîner royal à l?hôtel Sheraton, a été consacrée à la refonte de cette institution née au lendemain du protectorat britannique sur la quasi-totalité du Proche-Orient, alors centre névralgique du monde arabe. Cette 17e session n?est pas celle du débat du grand Moyen-Orient à l?estampille Bush, mais plutôt une occasion de barrer d?un trait toutes les divergences interarabes dans un contexte international qui ne pardonne pas la moindre erreur. Enfin, c?est l?occasion de découvrir d?autres leaders après les tragiques disparitions des Arafat, Hariri et Al Nahyane. Lors de la séance inaugurale, Bouteflika s?est longuement attardé, non sans pragmatisme, sur ces points nodaux. Devant treize chefs d?Etat arabes, souverains et émirs ainsi que plusieurs invités de marque comme le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, le Haut représentant pour la politique étrangère de l?Union européenne, Javier Solana, ou encore le président du gouvernement espagnol Jose Luis Zapatero, le président algérien a martelé qu?«il est nécessaire de réaffirmer avec force que la paix est le choix stratégique de tout le monde arabe». Il a réitéré aussi que le plan de «paix globale» avec l?Etat hébreu présenté par l?Arabie saoudite et adopté par le Sommet de Beyrouth en 2002 «était plus que jamais à l?ordre du jour». Un plan qui, faut-il le préciser, est basé sur le principe de «la terre contre la paix». En d?autres termes, «un retrait total d'Israël jusqu'aux frontières de juin 1967». De quoi mettre un point final au bouillonnement suscité par le projet de normalisation présenté la veille par la Jordanie. Cette position a eu le soutien indéfectible d?Amr Moussa, encore secrétaire général de la Ligue arabe pour une année. Celui-ci a préconisé dans ce sens et avant tout «un engagement contre un engagement ou alors rien». Ainsi, c?est la mouture du prince héritier d?Arabie saoudite, un des grands absents en raison de son incompatibilité d?humeur avec Kadhafi, qui a été reprise et retenue. Selon les termes du document saoudien, «les pays arabes se disent prêts à établir des relations diplomatiques avec Israël, en échange d'un retrait total des territoires occupés, de la création d'un Etat palestinien et du règlement de la question des réfugiés». Avec un ordre du jour restreint, le sommet élude les questions brûlantes ayant marqué le monde arabe ces derniers mois, comme la revendication de la rue de réformes démocratiques, les manifestations au Liban pour le retrait des troupes syriennes... Les pays arabes évoqueront, en revanche, les inquiétudes de Damas face aux pressions américaines et envisageront une éventuelle réforme de la Ligue arabe. Dans ce dernier registre, un embryon de Parlement panarabe va être créé. Le porte-parole de la diplomatie européenne, Javier Solana, invité à la séance d'ouverture du Sommet, a dit y déceler une évolution positive, l'estimant «très constructive, plus que jamais auparavant».