Résumé de la 14e partie La brigade criminelle étudia plus de 1 800 dossiers d'agressions sexuelles, interpella une cinquantaine de suspects maghrébins connus pour des délits sexuels et fit appel à des profilers. Guy Georges, apeuré par la médiatisation de l'affaire, décida sans doute de se faire discret. Il partit à Mansle chez un ami et ne revint à Paris qu'au mois de janvier 1998. Mais de retour dans la capitale, il traîna dans les bars et vola dans les magasins. Il continua à attirer l'attention de la police. Il fut interpellé dans le XIIIe arrondissement, après avoir volé un scooter et s'être blessé le nez lors d'une chute dans des poubelles. Photographié par l'identité judiciaire, il ressortit libre. Décidément très remuant, il fut à nouveau arrêté en février 1998, lors d'une bagarre à Saint-Germain-en-Laye. Et relâché. Le 17 février, la police française reçut un appel de... Scotland Yard. Les Britanniques avaient arrêté un homme qui ressemblait au portrait-robot. Mais son ADN le disculpa rapidement. Le mécanisme, qui allait définitivement perdre Guy Georges, était pourtant enclenché. Très discrètement, le juge Thiel avait décidé d'employer les grands moyens. Non sans difficulté... Le 24 novembre, le magistrat donna mission à tous les laboratoires privés (Bordeaux, Strasbourg, Nantes et Grenoble) et publics (qui dépendent, eux, de la police technique et scientifique) de comparer le fameux «ADN masculin inconnu» à ceux déjà contenus dans leurs fichiers. Les laboratoires répondirent quasiment unanimement que c'était impossible, les fichiers ADN étant interdits. Le juge Thiel leur demanda, à défaut, de comparer cet ADN à ceux qu'ils détenaient dans leurs archives... Si certains laboratoires privés acceptèrent cette mission, à la mi-décembre, des fonctionnaires de la police technique et scientifique rechignaient toujours, estimant que cela serait contraire à la loi. Le juge Thiel, déterminé, exigea qu'ils consignent cette réponse par écrit ; elle serait ainsi versée au dossier judiciaire communiqué aux familles des victimes... Après un temps de réflexion, la police technique et scientifique accepta de réaliser les analyses. Le 23 mars 1998, à 19h, le patron du laboratoire de Nantes eut un choc : il l'avait trouvé ! Le Dr Olivier Pascal appela immédiatement le juge Thiel, le directeur de la P. J. parisienne, Patrick Riou, et la commissaire, Martine Monteil, de la Crim'. Il leur annonça que le «tueur de l'Est parisien» se nommait Guy Georges. Depuis 1995, les empreintes génétiques de Guy Georges étaient archivées au laboratoire nantais (le prélèvement de sang consenti après son arrestation pour l'agression de Mélanie B.). Mais le Fichier informatisé des empreintes génétiques (Fnaeg, qui permet aujourd'hui de centraliser toutes les traces génétiques relevées sur les victimes et les personnes condamnées pour des infractions sexuelles, n'existait pas à l'époque. Le laboratoire de Nantes avait donc dû fournir un travail de fourmi pour comparer les 3 500 échantillons d'ADN qu'il avait en stock... à la main ! (à suivre...)