Résumé de la 4e partie Vacher étranglait, poignardait, égorgeait et/ou éventrait ses victimes. Mais ce n'est pas le procureur Fonfrède qui identifia Joseph Vacher comme étant «l'Eventreur du Sud-Est». Fonfrède fut effaré des nombreux dossiers qu'il reçut. L'énormité et la monstruosité des faits l'entraînèrent à penser qu'il devait y avoir plusieurs assassins. Essayant de rationaliser cette série de crimes, peu commune à l'époque, il en vint à penser à une sorte d'épidémie criminelle, se propageant telle une maladie infectieuse parmi les vagabonds (la «contagion maligne» était une théorie fort répandue à l'époque, car elle permettait de chasser et de condamner les exclus de tous bords sans chercher ni à les intégrer ni à les aider). Fonfrède ne voyait pas comment identifier les coupables parmi les dizaines de milliers d'errants circulant sur les routes du Sud-Est. Ailleurs, dans l'Ain, le juge Emile Fourquet prit ses fonctions à Belley, en avril 1897. Il fut très choqué lorsqu'il apprit comment le petit Victor Portalier était mort, deux ans auparavant. Tout comme le procureur Fonfrède, il fit le rapprochement avec d'autres affaires criminelles comportant des similitudes. Aussi, lorsqu'on lui annonça le meurtre du jeune Pierre Laurent, 13 ans, le 18 juin 1897, il demanda à lire le rapport d'autopsie, qui le conforta dans son opinion : c'était un crime imputable à «Jack l'Eventreur du Sud-Est». Le jeune et ambitieux juge Fourquet décida d'arrêter ce tueur. Il commença d'abord par essayer de comprendre pourquoi ce criminel avait pu tuer autant. Depuis au moins deux ans, la police et la justice disposaient d'un signalement relativement complet et rien n'avait été fait. Pourquoi l'assassin avait-il échappé aux recherches ? A cause de l'(in)organisation de la police et de la magistrature, dans la manière de conduire les enquêtes. En matière de police, la loi accordait alors des pouvoirs étendus aux maires. Un crime commis dans une commune provoquait des investigations qui ne dépassaient pourtant pas les moyens d'action et les limites territoriales du parquet et du juge d'instruction concernés par l'affaire. Il suffisait donc à l'assassin de passer dans une autre circonscription pour s'y faire oublier jusqu'à ce que l'affaire soit classée. Quoi de plus simple pour un vagabond... Le juge se pressa d'établir des tables de concordance des crimes non élucidés et obtint un portrait type du tueur, qu'il envoya sous forme de commission rogatoire à tous les parquets du Centre et du Sud-Est. Puis, il attendit... En août 1897, en Ardèche, Joseph Vacher fut arrêté, cette fois-ci pour «outrage aux bonnes m?urs». Il s'était jeté sur une jeune femme, armé de son couteau, et avait tenté de la violer. Mais le mari avait entendu les cris de son épouse et était intervenu. Il avait conduit Vacher chez les gendarmes. Il fut condamné à 3 mois de prison, mais le juge d'instruction fut frappé par son physique, qui correspondait parfaitement au signalement de «l'Eventreur du Sud-Est» recherché par le juge Fourquiet. Après ses trois mois de prison, Vacher se retrouva donc à nouveau entre deux gendarmes qui l'accompagnèrent dans le train, à destination de Belley. (à suivre...)