Sur la sellette dans l'affaire Kelly, celui qui était surnommé le «vrai vice-Premier ministre britannique» a annoncé vendredi qu'il quitterait ses fonctions dans quelques semaines. Soupçonné d?avoir falsifié les estimations des services de renseignement britanniques pour gonfler le danger des armes irakiennes, Alastair Campbell, 46 ans, ne s?est pas trouvé par hasard au centre de la polémique opposant l?exécutif à la BBC. Il incarnait le système de contrôle absolu de l?information installé par Blair. Un dispositif dans lequel le marketing a pris progressivement le pas sur la politique. Tenu pour le magicien de la communication du New Labour, Campbell a fait ses premières armes professionnelles dans l?édition semi-porno (Riviera Gigolo), avant de travailler longtemps pour le Daily Mirror et le Sunday Mirror, quintessence de cette presse tabloïde qui, en Angleterrre, fait et défait les réputations. Son premier scoop est une interview chaude de Martina Navratilova où il harcelait la joueuse de tennis sur son homosexualité. L?homme est impulsif, violent, calculateur, mais «il a des c...», reconnaissent ses adversaires. Il a aussi une connaissance concrète de l?écosystème médiatique, doublée d?une intimité avec Blair qu?il a contribué à «faire», en lui ménageant les bonnes grâces de Rupert Murdoch, le magnat de la presse de caniveau, lors de sa première élection. Son sens politique lui vaut également de siéger dans tous les conseils restreints. Dernière invention de ce spin doctor qui conseille à ses adjoints de marteler inlassablement des message simples : une «unité de réaction rapide» pour dissiper les mauvaises rumeurs. Peine perdue. L?affaire Kelly va vraisemblablement le contraindre à se retirer. Loin de la presse et de la politique.