La cote de popularité du Premier ministre britannique Tony Blair s'est encore un peu plus érodée hier, alors que la polémique autour du suicide apparent de l'expert en armes biochimiques David Kelly a pris un nouveau tour avec la mise en cause directe par la presse des services du Premier ministre. Dans un article en première page, The Independent a affirmé hier que la décision de rendre public le nom de David Kelly était venue de Downing Street contre l'avis du ministère de la Défense (MOD) de préserver son anonymat. Le microbiologiste s'est apparemment suicidé vendredi dernier après que le MOD eut révélé qu'il était probablement la source d'une information de la BBC affirmant en mai dernier que le dossier du gouvernement sur les armements irakiens avait été "gonflé. Selon The Independent, qui cite une source anonyme du ministère de la Défense, ce sont les services du Premier ministre qui ont forcé le MOD a annoncé le 9 juillet que David Kelly était probablement la source des informations de la BBC. “Il y avait le sentiment à un très haut niveau (au MOD) que nous devions faire tout notre possible pour protéger Kelly” , a déclaré cette source, selon le journal. Cette information est apparemment en contradiction avec des déclarations du porte-parole de Tony Blair, selon qui Downing Street n'avait été que consulté dans cette affaire. “Nous avons été consultés, mais c'est le MOD qui avait la direction et qui l'a gardée”, a déclaré le porte-parole, cité par le journal. Tony Blair, s'exprimant lundi en Chine où il poursuit sa tournée asiatique, a promis de “coopérer totalement” avec l'enquête judiciaire indépendante devant faire la lumière sur les faits ayant entouré la mort du Dr Kelly. Le Chef du gouvernement britannique a vu les appels à sa démission se multiplier avec le suicide apparent de David Kelly, qui l'ont plongé dans la plus grave crise depuis son arrivée au pouvoir en 1997. Pour ajouter à ses problèmes, un sondage de l'institut ICM, réalisé après la mort de Kelly, a montré une érosion rapide de son soutien dans l'opinion. 54 % des Britanniques sont mécontents de leur Premier ministre, qui ne recueille plus que 37 % d'opinions favorables, selon ce sondage, publié hier par le Guardian, effectué entre vendredi et dimanche. Tony Blair enregistre ainsi un différentiel entre les opinions favorables et défavorables de moins 17, alors que sa cote de popularité était de plus 7 en avril au moment de la guerre en Irak. Un sondage de l'institut Mori, publié hier par le tabloïd The Sun, montre par ailleurs qu'un quart des électeurs qui avaient voté pour les travaillistes lors des dernières élections en 2001 accordent maintenant leur préférence à un autre parti. Selon une troisième enquête d'opinion de YouGov, publiée ce lundi, 39 % des Britanniques estiment maintenant que le Premier ministre devrait démissionner.