Le rapport rendu public par Downing Street, le 24 septembre 2002, affirmant que l'Irak était en mesure de déployer des armes de destruction massive en 45 minutes, a été le point de départ d'un retournement de situation contre le Chef du gouvernement britannique, au summum de sa popularité alors. Près d'un an plus tard, Tony Blair est en chute libre dans les sondages d'opinion et se présente même devant un magistrat de son pays pour s'expliquer sur ce rapport, jugé “gonflé”. Le suicide suspect du chercheur David Kelly, dont les services de Downing street sont soupçonnés de l'avoir jeté en pâture à la presse, a précipité les choses pour Blair. Aujourd'hui, 67% de ses compatriotes estiment qu'ils ont été trompés par les informations qu'il a rendues publiques, sur les prétendues armes de destruction massive de Saddam Hussein, et 59% trouvent qu'il n'est plus digne de confiance. C'est dire que l'avenir politique du Prime Minister est réellement menacé. Sa prestation devant le juge, jeudi, a convaincu peu de monde, à en croire la presse et les hommes politiques britanniques. Les déclarations de Tony Blair et de son directeur de la communication, Alastair Campbell, dont le départ vient allonger la longue liste de démissionnaires dans son entourage, sont désormais perçues comme des mensonges. L'absence, jusque-là, de preuves dans le dossier des ADM complique les choses pour le leader des travaillistes. Il a dû s'isoler pendant trois jours avec ses avocats pour préparer sa défense. En citoyen respectueux des lois, Blair a présenté sa version des faits au juge, en précisant : “si ces accusations avaient été vraies, cela aurait mérité que je démissionne.” Clair, net et précis ; il est prêt à assumer ses responsabilités jusqu'au bout, sans tenter de la faire endosser à d'autres. Pendant les deux heures et demie qu'a duré son audition par le magistrat, le Premier Ministre britannique a cherché à justifier son attitude dans la gestion du dossier irakien, rejetant toute manipulation. Durant la séance publique, il a fait preuve d'une attitude “hautement professionnelle”, d'après la presse qui l'a affublé du titre de “maître consommé de la communication”. Cela étant, Tony Blair ne se dérobe pas devant la justice, lui le premier magistrat du pays. Il s'est défendu comme un citoyen ordinaire, ne cherchant à aucun moment à mettre en avant les avantages de sa fonction. C'est ça l'Etat de droit, nul n'échappe à la loi. Exemple à suivre ! K. A.