La lutte contre la corruption prend, fait inédit, une forme concrète. L?organisme, qui devrait être créé à cet effet dès l?adoption par l?APN du projet de loi approuvé, hier, par le Conseil des ministres, jouira non seulement des pleins pouvoirs, mais aussi de larges prérogatives ainsi que d?une autonomie financière. Le projet de loi, adopté hier en Conseil des ministres et qui devra être voté par l?APN, met en place un organisme de prévention et de lutte contre la corruption qui, contrairement aux rares initiatives en la matière précédemment, jouira, outre de la personnalité morale dotée de prérogatives, d?une autonomie financière. Sa composition autant que les modalités de fonctionnement de cet organe «de sensibilisation et d?orientation» en matière de lutte contre la corruption seront définies par voie réglementaire. Cet organe aura comme mission concrète, selon les dispositions du projet de loi, l?investigation et la détection des actes de corruption ainsi que la mise en ?uvre d?une stratégie nationale de lutte contre la corruption. Une lourde charge certes, pour cette structure, s?agissant d?un fléau caractérisé par son ampleur et sa complexité, mais qui a l?avantage d?être face à une définition autant large que précise du phénomène tel que cerné par le projet de loi. Le champ d?intervention de l?organe et de nombre d?autres acteurs de la scène économique et sociale, concerne autant les cas de détournement de fonds, le trafic d?influence, l?abus de confiance, que l?enrichissement illicite, en passant par les cas d?entraves au fonctionnement de la justice, au financement des partis et aux déclarations de patrimoine. Le texte prévoit, également, le recouvrement d?avoirs par le biais de mécanisme d?entraide judiciaire et de la coopération internationale. Autre innovation de taille du dispositif, la question de la protection pénale des témoins, victimes et tous ceux pouvant contribuer à la mission de lutte contre la corruption (experts, informateurs?), l?objectif de ce dispositif étant désormais de «délier les langues». Le moindre des mérites de ce texte, par ailleurs, n?est pas d?avoir ciblé l?une des principales sources du fléau, le clientélisme, le favoritisme et la complaisance en matière de recrutement et de la sélection du personnel au sein des administrations et entités économiques. Ainsi, le projet de loi, impose notamment à respecter une série de règles favorisant la transparence et l?objectivité dans le recrutement et la sélection du personnel. Pour mieux éclairer l?esprit du texte adopté en Conseil des ministres, le chef de l?Etat, avant d?affirmer que la lutte contre la corruption ne sera pas «sélective», en a appelé à tous les secteurs de la société, le secteur économique privé y compris, à contribuer et participer à cette mission.