«Li yh?ebbu Rabbi, ma yeddih-ch ls?bitar», dit-on (celui que Dieu aime, Il ne l?envoie pas à l?hôpital) ! Il est vrai que de nos jours, les hôpitaux algériens ne sont pas des lieux de villégiature, mais si on a tant peur d?eux, c?est parce qu?ils sont un symbole d?abandon, physique ou moral. A moins qu?il ne s?agisse que d?une consultation ou d?un séjour de quelques jours pour une opération ou des soins. «Marmi f sbit?ar» (Jeté à l?hôpital, abandonné à l?hôpital) dit-on des malades qui traînent dans les établissements sanitaires : traîner à l?hôpital signifie toujours qu?on est dans un état grave ou que le mal n?a pas encore été diagnostiqué, ce qui revient souvent au même ! Le mot classique qui désigne l?hôpital, mustachfa, du verbe chaffa (guérir), autrement dit, «lieu de guérison» est rarement utilisé : on lui préfère, partout, en Algérie, le mot sbitar, qui nous vient du roman (italien ou espagnol) hospital, terme délesté de sa première syllabe «ho». Le terme a, peut-être, été introduit par les émigrés andalous qui, au XVe siècle, ont été chassés par la reconquête chrétienne. Cet emprunt ne signifie pas que les Algériens ont emprunté à l?Espagne son système hospitalier : en fait, ce sont les musulmans qui ont répandu les hôpitaux en Espagne ! Le mot clinique, qui désigne les services hospitaliers privés, est, lui, emprunté au français. Il faut cependant signaler qu?il figure dans la littérature médicale arabe ancienne, iklinik, dans le sens de «données obtenues par l?observation des malades». Le mot vient du grec et possédait, chez les Anciens, ce sens. Un troisième centre de soins en Algérie porte également un nom français : dispensir (dispensaire).