Bernadette, quarante-huit ans, née en Italie, traîne son destin depuis des années. En est-elle responsable ? En est-elle victime ? Qui le sait? En tout cas, la vie n?est pas brillante pour elle. Pour ceux qui la côtoient non plus, d?ailleurs. Elle a été mariée, il y a un bon nombre d?années, mais son mari, huit jours seulement après la noce, sombre dans un alcoolisme irrémédiable. Pour quelle raison ? On frissonne rien que d?y penser. Mais on ne le saura sans doute jamais. Toujours est-il que, alcoolique ou pas, dégoûté ou pas de son épouse, il lui fait cinq enfants qui n?ont pas été conçus dans l?amour. En 1978, Bernadette divorce. Elle se retrouve seule avec ses enfants. La roue tourne : dès l?année suivante, Bernadette, malgré ses cinq enfants, épouse Robert. Il n?a guère eu de chance en amour puisque, en épousant Bernadette, il s?engage pour la quatrième fois consécutive dans les liens conjugaux. Il est d?ailleurs le père de deux fils. Des fils qui auront, semble-t-il, aux dires de leur nouvelle belle-mère, maille à partir avec la justice pour de petits délits, pour de petits trafics de drogue. La nouvelle union de Robert et de Bernadette ne correspond guère aux espoirs ni aux v?ux que chacun a formés. Les scènes commencent bientôt. D?autant plus que, si les fils de Robert manquent de charme aux yeux de leur belle-mère, les filles de Bernadette sont loin de combler les espoirs de Robert. Nadine, qui a aujourd?hui vingt-six ans, Karine, qui en a vingt-deux, rejoignent bientôt le foyer, chacune avec un enfant que lui a fait un compagnon bientôt dégoûté de ses responsabilité paternelles. Robert commence à se faire du mauvais-sang concernant la famille. D?autant plus que Bernadette, jalouse des parties de belote avec ses amis, prend un amant, Paul, de dix ans plus jeune qu?elle? Bernadette met au monde Aurélie. Jalouse et infidèle, Bernadette se révèle par ailleurs fainéante, refuse de faire les courses, la cuisine, le ménage. Un comble puisqu?elle est, officiellement, femme de ménage. Robert, heureusement, dispose de pas mal de temps pour accomplir toutes ces besognes : il est à la retraite. Il décide, avec son bataillon de femmes, d?ouvrir un restaurant. Nul doute que la cuisine familiale n?attire de nombreux clients. Mais ses belles-filles ont de qui tenir. Personne ne s?intéresse à rien dans l?affaire, sinon pour ouvrir le tiroir-caisse, confondant chiffre d?affaires et bénéfice. Le restaurant périclite rapidement : Robert perd 200 000 francs. Il se fâche, s?énerve. Il les énerve. Elles l?énervent aussi? Une idée commence à se faire jour entre l?épouse et son clan. Et si on supprimait le vieux ? Bernadette hériterait de la maison, de la demi-retraite de Robert. Elle serait libre de vivre sa liaison avec le charmant Paul. Chacun y va de sa petite idée. Si on sabotait sa voiture ? Un ami complaisant explique comment trafiquer la direction, comment rendre les freins inefficaces, avec de jolis dessins à l?appui. Risqué : on n?est pas certain que Robert se tue au prochain virage. Et si on piégeait la cuisine ? Cris d?horreur des femmes, qui imaginent la pulvérisation de leur batterie de cuisine. Pas question ! Elles refusent unanimement, sans doute effrayées à l?idée des dégâts qu?il faudrait balayer. On essaie une recette originale : on verse le contenu acide d?une pile électrique dans le café du beau-père. Tout le monde pense que ça fera l?affaire. Erreur : Robert avale la mixture sans dommage. Et si on versait des somnifères dans sa boisson ? Un essai se révèle décevant. Robert dort profondément, mais se réveille. Bernadette se procure alors un revolver à grenaille, modèle Chief, 9 mm, à six coups. Elle le montre à Paul qui, craignant qu?elle ne veuille mettre fin à ses jours, confisque l?arme et la met de côté. Bernadette, les nerfs à fleur de peau, commence à défier Robert, elle lui fait presque part des projets qu?elle a quant à son avenir? Elle l?accuse encore d?infidélités. Bon prétexte? (à suivre...)