Résumé de la 33e partie La mère d?Aladdin revint avec la réponse favorable que le sultan lui avait faite de sa propre bouche. Aladdin s'estima le plus heureux des mortels en apprenant cette nouvelle. Il remercia sa mère de toutes les peines qu'elle s'était données dans la poursuite de cette affaire, dont l'heureux succès était si important pour son repos ; et quoique, dans l'impatience où il était de jouir de l'objet de sa passion, trois mois lui parussent d'une longueur extrême, il se disposa néanmoins à attendre avec patience, fondé sur la parole du sultan, qu'il regardait comme irrévocable. Pendant qu'il comptait non seulement les heures, les jours et les semaines, mais même jusqu'aux moments, en attendant que le terme fût passé, environ deux mois s?étaient écoulés quand sa mère, un soir, en voulant allumer la lampe, s'aperçut qu'il n'y avait plus d'huile dans la maison. Elle sortit pour en aller acheter ; et, en avançant dans la ville, elle vit que tout y était en fête. En effet, les boutiques, au lieu d'être fermées, étaient ouvertes ; on les ornait de feuillage, on y préparait des illuminations, chacun s'efforçait à qui le ferait avec plus de pompe de magnificence pour mieux marquer son zèle : tout le monde enfin donnait des démonstrations de joie et de réjouissance. Les rues étaient même embarrassées par des officiers en habits de cérémonie, montés sur des chevaux richement harnachés, et environnés d'un grand nombre de valets de pied qui allaient et venaient. Elle demanda au marchand chez qui elle achetait son huile ce que tout cela signifiait. «D'où venez-vous, ma bonne dame ? lui dit-il, ne savez-vous pas que le fils du grand-vizir épouse ce soir la princesse Badroulboudour, fille du suItan? Elle va bientôt sortir du bain et les officiers que vous voyez s'assemblent pour lui faire cortège jusqu'au palais où se doit faire la cérémonie.» La mère d'AIaddin ne voulut pas en apprendre davantage le revint en si grande diligence qu?elle rentra chez elle presque hors d'haleine. Elle trouva son fils qui ne s'attendait à rien moins qu'à la fâcheuse nouvelle qu'elle lui apportait. «Mon fils, s'écria-t-elle, tout est perdu pour vous ! Vous contiez sur la belle promesse du sultan, il n'en sera rien.» Aladdin, alarmé de ces paroles : «Ma mère, reprit-il, par quel endroit le suItan ne me tiendrait-il pas sa promesse ? Comment le savez-vous ? ? Ce soir, repartit la mère, le fils du vizir épouse la princesse Badroulboudour dans le palais.» Elle lui raconta de quelle manière elle venait de l?apprendre par tant de circonstances qu'il n'eut pas lieu d'en douter. A cette nouvelle, Aladdin demeura immobile, comme s'il eût été frappé d'un coup de foudre. Tout autre que lui en eût été accablé ; mais une jalousie secrète l'empêcha d'y demeurer longtemps. Dans le moment, il se souvint de la lampe qui lui avait été si utile jusqu'alors, et, sans aucun emportement en vaines paroles contre le sultan, contre le grand-vizir, ou contre le fils de ce ministre, il dit seulement : «Ma mère, le fils du grand-vizir ne sera peut-être pas cette nuit aussi heureux qu'il se le promet. Pendant que je vais dans ma chambre un moment, préparez-nous à souper.» (à suivre...)