Avant les trains et les avions, il y avait, pour effectuer les longs voyages, le bateau. C?est même l?un des moyens de transport le plus ancien inventé par l?homme puisqu?il existe depuis des milliers d?années ! L?arabe classique dispose de plusieurs mots pour désigner le bateau et l?embarcation. Le plus répandu, sans doute aussi le plus ancien, est safina, mot que l?on retrouve aussi dans les autres langues sémitiques comme l?hébreu (sapinah) et le phénicien. L?arabe moderne, lui, connaît bakhira, désignant autrefois le bateau à vapeur ? il est formé, sur le modèle du français, à partir de bukhâr (vapeur) ? mais employé aujourd?hui dans le sens général de bateau. L?arabe algérien et le berbère emploient, eux, un terme d?origine romane, babur, que l?on retrouve en français, par exemple, sous la forme «bâbord» pour désigner le côté gauche d?un bateau quand on regarde à l?avant. Plus que le train, le bateau évoque le voyage et l?aventure : voyager en bateau se dit poétiquement «yegta?â lebh?ar» (traverser les mers, littéralement «couper» la mer). Mais le bateau, c?est aussi le symbole de l?exil, car c?est par bateau que voyageaient autrefois ceux qui s?exilaient ou allaient travailler ailleurs. C?est aussi par bateau que l?on allait en pèlerinage à La Mecque. Le bateau était aussi symbole de danger à cause des tempêtes et des pirates qui infestaient les mers. Le bateau était et demeure, de nos jours encore, le moyen de fuite utilisé par les voyageurs clandestins. En Algérie, on les appelle haraga, d?un verbe hrag, au propre «brûler», au figuré «prendre à contrepied, se faire la belle».