Résumé de la 1re partie Le couple sur le bateau «Sylvia II» aperçoit une main tenant un revolver. La voix est mauvaise et la main jette une corde. «Bon, je ne vous fais rien. J?ai échoué avec mon bateau. J?ai besoin de votre argent. Où sont vos passeports et les permis de navigation ?» Harald désigne la sacoche qui contient le tout, dans le placard au-dessus de sa tête. Meyer fouille dans les papiers et, ayant trouvé ce qu?il voulait, s?assoit confortablement sur la troisième couchette vide. Il semble moins nerveux. «J?ai fait un sacré voyage jusqu?ici ! Si les copains me voyaient ! Je suis parti de Gênes, j?ai fait l?île d?Elbe, la Corse par Solenzara, la Sardaigne par la côte Ouest, et hop, jusqu?à Ibiza ! Il y a une semaine j?étais à Porto Cristo, à Majorque, et aujourd?hui me voilà. J?ai volé le bateau, mais un jour j?en aurai un à moi, c?est sûr ça !» Tout en parlant, Meyer balance son arme d?une main à l?autre. Il la contemple tout à coup avec plus d??insistance : «Vous voyez ça ? C?est un Walter P28 avec un canon scié, ça fait des trous particulièrement gros? oui? particulièrement gros. Bon, maintenant je vais m?étendre et dormir, mais ne faites pas de bêtises. Je ne dors que d?un ?il. Maintenant, au point où j?en suis, ils ne peuvent pas me donner moins que la perpétuité, alors un ou deux de plus !» Et il s?endort, après s?être retourné deux ou trois fois, en serrant le pistolet contre lui. Une longue nuit d?angoisse commence pour Harald et Sylvia Spruck. Ils n?osent pas bouger ou faire la moindre tentative d?évasion. L?homme les tuera, ils l?ont bien compris. Puisqu?il n?en est plus à «un ou deux près». Mais qui est cet homme ? Ils l?ignorent, bien sûr. La police internationale le recherche depuis plus de six semaines dans tout l?ouest de la Méditerranée. Il est soupçonné d?un triple assassinat. Et il en est capable puisqu?il l?a avoué lui-même à ses otages. Il s?est emparé d?un bateau à Chivari, près de Gênes, après avoir assassiné les propriétaires, un couple d?Allemands. Les corps n?ont pas été retrouvés. Le bateau, un petit yacht de 7 mètres jaune et blanc, leur avait coûté 5 000 marks. C?étaient leurs premières vacances. Le 22 juin, ils arrivaient en Italie, en voiture, avec le bateau en remorque. A Chivari, le capitaine du port se souvient très bien qu?un grand gaillard costaud aux bras tatoués les a aidés à mettre à flot. Le 25 juin, le même bateau est échoué près d?un camping, dans le sable. C?est le même homme qui le pilote, il se fait appeler Henri. Les campeurs, qui l?aident à dégager le bateau, aperçoivent la tête d?une fillette, derrière un hublot. Elle pleure. Ils la prennent pour sa fille. Le 26, «Henri le tatoué» fait réparer sa rame. Le 27, il invite trois campeurs à dîner sur «son» bateau. L?un d?eux demande : «Et votre fille ? ? Je l?ai accompagnée au train, elle a dû rentrer en Allemagne.» Il avait donc gardé l?enfant, Michaela, treize ans, à bord, et elle est morte entre le 25 et le 27 juin 1980, trois jours après ses parents. On ne saura jamais réellement dans quelles conditions. La disparition de la petite famille a été signalée par le grand-père, et le triple assassinat immédiatement soupçonné. Le voleur se sert de chèques au nom du propriétaire, qu?il signe maladroitement. Il se sert également d?un passeport, perdu il y a un an par un ingénieur du nom de Henri Gesh. La police commence à le suivre à la trace, mais sans jamais l?attraper, car elle arrive toujours trop tard. Il est identifié grâce à ses tatouages. C?est bien Rolf Meyer, un ancien détenu, libéré sous probation. Il s?est même offert le culot d?envoyer à ses anciens camarades de cellule une photo de lui en couleurs, à bord du bateau dont il a maladroitement repeint l?ancien nom par un neuf. Les spécialistes identifient facilement le bateau sur la photo. (à suivre...)