Résumé de la 50e partie Dans la conversation qu?il eut avec le sultan, Aladdin parla avec tant de connaissance et de sagesse qu'il acheva de confirmer le souverain dans la bonne opinion qu'il avait de lui. Le repas achevé, le sultan fit appeler le premier juge de sa capitale et lui commanda de dresser et de mettre au net sur-le-champ le contrat de mariage de la princesse Badroulboudour sa fille et d'Aladdin. Pendant ce temps, le sultan s'entretint avec Aladdin de plusieurs choses indifférentes, en présence du grand vizir et des seigneurs de sa cour, qui admirèrent la solidité de son esprit, la grande facilité qu'il avait de parIer et de s'énoncer et les pensées fines et délicates dont il assaisonnait son discours. Quand le juge eut achevé le contrat dans toutes les formes requises, le sultan demanda à Aladdin s'il voulait rester dans le palais pour terminer les cérémonies du mariage le même jour. «Sire, répondit Aladdin, quelque impatience que j'aie de jouir pleinement des bontés de Votre Majesté, je la supplie de vouloir bien permettre que je les diffère jusqu'à ce que j'aie fait bâtir un palais pour recevoir la princesse selon son mérite et sa dignité. Je la prie, pour cet effet, de m'accorder une place convenable devant le sien, afin que je sois plus à portée de lui faire ma cour. Je n'oublierai rien pour faire en sorte qu'il soit achevé avec toute la diligence possible. ? Mon fils, lui dit le sultan, prenez tout le terrain que vous jugerez à propos ; le vide est trop grand devant mon palais, et j?avais déjà songé moi-même à le remplir ; mais souvenez-vous que je ne puis assez tôt vous voir uni avec ma fille, pour mettre le comble à ma joie.» En achevant ces paroles, il embrassa encore Aladdin, qui prit congé du sultan avec la même politesse que s'il eût été élevé et qu'il eût toujours vécu à la cour. Aladdin remonta à cheval et il retourna chez lui dans le même ordre qu'il était venu, au travers de la même foule et aux acclamations du peuple qui lui souhaitait toute sorte de bonheur et de prospérité. Dès qu'il fut rentré et qu'il eut mis pied à terre, il se retira dans sa chambre en particulier ; il prit la lampe et il appela le génie comme il avait accoutumé. Le génie ne se fit pas attendre ; il parut et lui fit offre de ses services. «Génie, lui dit Aladdin, j?ai tout sujet de me louer de ton exactitude à exécuter ponctuellement tout ce que j'ai exigé de toi jusqu?à présent par la puissance de cette lampe ta maîtresse. Il s'agit aujourd'hui que pour l'amour d'elle tu fasses paraître, s'il est possible, plus de zèle et plus de diligence que tu n'as encore faits. Je te demande donc qu'en aussi peu de temps que tu le pourras tu me fasses bâtir, vis-à-vis du palais du sultan, à une juste distance, un palais digne d'y recevoir la princesse Badroulboudour mon épouse. Je laisse à ta liberté le choix des matériaux, c'est-à-dire du porphyre, du jaspe, de l'agate, du lapis et du marbre le plus fin, le plus varié en couleurs, et du reste de l'édifice ; mais j'entends qu?au plus haut de ce palais, tu fasses élever un grand salon en dôme, à quatre faces égales, dont les assises ne soient d'autres matières que d'or et d'argent massif, posées alternativement, avec douze croisées, six à chaque face, et que les jalousies de chaque croisée, à la réserve d'une seule que je veux qu'on laisse imparfaite, soient enrichies, avec art et symétrie, de diamants, de rubis et d'émeraudes, de manière que rien de pareil en ce genre n'ait été vu dans le monde. » (à suivre...)