Le rêve n'est donc pas un amas d'images confuses créées par l'imagination ou les désirs refoulés. Il peut contenir des messages, voire des enseignements qui peuvent servir dans la vie quotidienne. On sait que les sorciers africains et les chamans d'Océanie disent recevoir les recettes qui permettent de guérir dans les rêves. On invoque la magie, dans ces cas, mais ne faut-il pas penser, aussi, à la réminiscence d'un savoir ancestral enfoui dans l'inconscient collectif et que le rêve fait remonter à la conscience. Les civilisations méditerranéennes anciennes ont même construit des temples où l'on pratiquait l'incubation, un rite qui consistait à passer la nuit dans l'enceinte sacrée et à invoquer le dieu qui inspirait le rêve thérapeutique. La question de savoir si le rêve convenait ou pas était tranchée au réveil du malade : s'il était guéri, c'était le bon rêve. Le rêve, fait dans ces conditions, est une expérience émotionnelle très forte qui peut avoir des conséquences bénéfiques sur le corps, voire guérir une maladie. Dans La Vie de Périclès, Plutarque rapporte un rêve fait par ce grand souverain qui a vécu au Ve siècle avant J.-C. Il faisait construire l'Acropole d'Athènes quand «un événement merveilleux révéla que la déesse Athéna ne restait pas à l'écart de l'ouvrage, mais y apportait sa contribution. Le plus actif et le plus zélé des artisans fit un faux pas et tomba du haut de l'édifice. Il était dans un état désespéré et abandonné des médecins. Périclès était découragé quand la déesse lui apparut en rêve et lui prescrivit un traitement qui lui permit de guérir vite et aisément cet homme».