Londres a annoncé, hier, la suspension de son référendum sur la Constitution européenne, espérant entraîner dans son sillage d'autres pays, dubitatifs, en dépit des appels du couple franco-allemand à poursuivre la ratification. “Le projet de loi sur la Constitution est suspendu jusqu'à ce qu'il y ait plus de certitude sur ce qui va se passer”, a annoncé hier le porte-parole de Downingstreet. À dix jours d'un sommet européen qui devrait être largement consacré à la crise provoquée par les non français et néerlandais à la ratification du traité, l'exercice n'est pas sans danger. Et le ministre des Affaires étrangères, Jack Straw, devait, hier après-midi, soigneusement peser ses mots devant la Chambre des communes en annonçant solennellement cette suspension, Londres ne voulant pas apparaître comme le fossoyeur du traité, avant le sommet des 16 et 17 juin à Bruxelles. Le projet de loi britannique sur l'organisation d'un référendum avait été déposé le 24 mai au Parlement, mais le débat ne devait pas commencer avant la mi-juin. Depuis le double non français et néerlandais, le 29 mai et le 1er juin, Londres n'avait cessé de réclamer un “moment de réflexion” à ses partenaires européens. Un porte-parole du Premier ministre Tony Blair l'avait encore répété, avant-hier, après l'appel franco-allemand lancé, samedi soir dernier, depuis Berlin, pour que la ratification se poursuive dans les 13 pays qui doivent encore se prononcer. Berlin et Paris sont ainsi à l'unisson du président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, hostile à “toute décision unilatérale” avant le sommet de la mi-juin. La quasi-totalité des capitales se sont également prononcées officiellement pour la poursuite du processus de ratification. Londres pourrait se voir ainsi isolée les 16 et 17 juin. Mais, la Grande-Bretagne sait aussi que certains des pays où sont prévus des référendums (Danemark, République tchèque, Irlande, Portugal, Luxembourg, Pologne et le Portugal) sont inquiets d'un éventuel effet boule de neige, après les non français et néerlandais. Au Danemark, le non l'emporte désormais dans les sondages. Le président tchèque, Vaclav Klaus, a, lui, estimé, avant-hier, qu'il ne servait à rien de poursuivre la ratification du traité dans sa version actuelle. R. I. /Agences