InfoSoir : Le test ADN a été introduit en Algérie, notamment à la suite de l?affaire des disparus. Etes-vous pour ce procédé en tant que commission pour la promotion des droits de l?Homme ? Me Ksentini : La police algérienne se devait de s?équiper de l?ADN parce que c?est un moyen moderne d?investigation et surtout il est sûr et fiable, en matière d?assassinats, de viols, de paternité. Tout cela peut être réglé par un moyen scientifique effectif par le test ADN. Donc, je suis partisan de ce test. Je me réjouis que l?Algérie se soit équipée de ce procédé moderne pour une utilisation universelle. Justement, rappelez-nous dans quel contexte ce procédé a été introduit? Dans le contexte politique, tant mieux si ce procédé peut nous aider à régler la question des disparus avec l?identification des dépouilles. Il y a plusieurs parties qui s?étaient prononcées sur cette question et qui avaient justement revendiqué que des recherches soient faites pour identifier les dépouilles. Bien sûr, il y a ce contexte politique. Il est en soi acceptable. Il n?est pas contestable. L?essentiel est que nous soyons d?accord. Cela dit, j?attire l?attention du public sur l?aspect coûteux de la question. On parle d?un vide juridique en ce qui concerne la possibilité d?accepter ou de refuser de se soumettre à ce test ? Le texte devra être fait. D?autant que c?est un moyen scientifique incontestable. Du point de vue de la liberté individuelle, comment appréhendez-vous la question ? Il faut convenir de l?utilisation du test, établir une législation suffisamment subtile pour ne pas être déviée et utilisée à d?autres fins. Aujourd?hui, y a-t-il une réflexion sur cette question ? Honnêtement, pas à ma connaissance. Toutefois, en tant qu?institution de protection et de promotion des droits de l?Homme, nous sommes prêts à participer à cette réflexion. C?est vrai, les choses doivent être ajustées de telle façon qu?on puisse faire coexister les nécessités de l?enquête et l?utilisation de ce procédé avec la sécurité liée à la liberté du citoyen. S?agissant de la procédure en civil pour la recherche de paternité, aucun texte n?existe. Votre commentaire ? Effectivement, il n?existe aucun texte, mais de toutes les façons, cela ne change rien. La filiation naturelle n?est pas reconnue chez nous. Je suis, toutefois, d?accord pour intégrer ce genre de chapitre dans notre législation qui protégerait l?enfant abandonné. Il faut enrichir notre législation. Quoi qu?il en soit, il faut ouvrir le débat. Le coût de ce procédé peut atteindre quelle proportion ? Il peut valoir entre 300 et 400 dollars par opération.