Tâche Les gardes-frontières sont souvent en face de situations difficiles, les clandestins sont démunis et affamés, il faut les nourrir et les soigner avant tout. Chaque jour, les gardes-frontières dressent des procès-verbaux à des immigrés clandestins qui franchissent les frontières algériennes. «Notre travail est de constater les infractions à la loi. Cependant, ces clandestins, une fois refoulés au niveau des frontières, finissent toujours par être arrêtés de nouveau et à chaque fois, ils nous donnent des identités différentes», confie un garde-frontière rencontré à Maghnia. En effet, chaque semaine, ces gardes dressent de nombreux procès-verbaux à de jeunes Africains appréhendés au niveau des frontières algériennes, ou qui se sont perdus dans le désert. Ils les présentent ensuite à la justice qui se charge de les expulser par la prononciation d?un jugement final. Elle est la seule habilitée à le faire. Un autre problème surgit. La mission des gardes-frontières est pénible, ils se retrouvent souvent devant un véritable drame humain : les clandestins appréhendés au niveau des frontières sont affamés et assoiffés. Ils ont besoin, avant tout, de manger, de boire et parfois d?être soignés. Avant de les présenter à la justice, ils doivent parallèlement assurer leur survie. Comment ? «Mes collègues et moi sommes souvent obligés de payer de nos poches, je vous assure de nos poches pour prendre en charge ces pauvres Africains que nous retrouvons, la plupart du temps, affamés», raconte un autre garde. «Combien de fois avons-nous été obligés de partager nos repas avec eux, d?autres collègues ramenaient de la nourriture de chez eux, ne pouvant les laisser affamés. Nous n?avons pas de quoi les nourrir ou les prendre en charge», ajoute le même garde qui atteste encore qu?ils nécessitent une prise en charge sur tous les plans, ce qui représente «de grosses dépenses». «Parfois lorsqu?on souhaite rapatrier ces clandestins, ils refusent d?y aller par route et nous n?avons pas les moyens de les prendre par avion, c?est cher, ce n?est pas facile pour nous», confie le commandant du groupement des gardes-frontières de Tlemcen. Un vrai casse-tête chinois, surtout que sur place seuls les gardes-frontières veillent à l?application de la loi, alors que le phénomène exige l?implication des autorités locales, des institutions sanitaires et sociales ainsi que les autres secteurs de l?Etat, ce qui n?est pas le cas. Aucune étude n?a été lancée, pas d?enquête, point de travail de proximité, pourtant le fléau prend de l?ampleur.