Le ministre français de l?Intérieur, Nicolas Sarkozy, cherche à se distinguer autant de ses partenaires que de ses adversaires. Etre ailleurs au risque d'être seul. Se situer hors de l'échiquier politique, hors du calendrier gouvernemental. Sa boîte à idées est toujours pleine, qu'il s'agisse du droit du travail, de l'immigration, du logement ou des évolutions institutionnelles. Marquer sa différence permet de marquer les esprits. Le président de l?Union pour un mouvement populaire cherche volontiers quelques clivages. Avec la gauche, puisqu'il prévoit pour les fonctionnaires un cadre distinct de celui qui est prôné par les socialistes. Avec la pratique actuelle du pouvoir, personnalisée par Jacques Chirac : la publication régulière des bulletins de santé d'un Président lui semblerait normale. Comme toujours, Sarkozy est en campagne. Il s'appuie sur son action à l'Intérieur. Il oublie parfois ses propres habitudes, quand il sort une solution magique pour gommer les problèmes de logement des ministres : à Bercy, il avait déplacé un membre du gouvernement pour installer ? fait rarissime dans l'histoire de la République française ? son directeur de cabinet dans l'un des appartements de fonction. Mais le passé est déjà loin. Le présent ne compte pas davantage, à peine évoqué par le chef du principal parti de la majorité en France. Jacques Chirac n'existe plus, deux mandats présidentiels suffisent à un homme et ne font pas de lui un «candidat primus par rapport aux autres», dixit le patron de l'UMP, sur France 2, le 31 mars dernier. Il est normal que Nicolas Sarkozy soit ailleurs et aussi seul : depuis plusieurs mois déjà, il vit en 2007.