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Histoires vraies
Walsall Place (5e partie et fin)
Publié dans Info Soir le 08 - 07 - 2005

Résumé de la 4e partie Mary Hudson reconnaît l?homme comme étant George, son mari. Mme Sidwell, la logeuse, l?identifie comme étant M. Wall. Qui est-il au juste ?
Enfin, un commissariat de Subiton informe l'inspecteur Haskins qu'un agent immobilier a loué une maison un peu isolée à un certain M. Wall, il y a cinq ans. Ce M. Wall a versé une caution, il semblait emballé. Il a même demandé l'autorisation de faire creuser un bassin pour des poissons. On lui a fait son bassin et, deux jours plus tard, il a rendu les clefs en disant qu'il avait changé d'avis. Depuis, la villa est habitée par un dentiste, qui a conservé le bassin aux poissons, le trouvant fort joli.
Il est joli en effet, cimenté au fond, bordé de fleurs ; quelques poissons rouges y dansent dans la lumière. Le dentiste n'est pas très content qu'on le lui casse. Puis il se tait devant le squelette d'une jeune fille, dont il ne reste que les immenses cheveux blonds... c'est une vision hallucinante. Ce jour-là, George est attrapé au vol, dans sa pension, et traîné de force à Scotland Yard, sous le prétexte d'une confrontation avec son épouse, qui continue de le rechercher soi-disant. Haskins observe la rencontre. Mary Hudson est au bord de la crise ; George la regarde, il hésite, et demande d'une voix neutre : «Vous êtes ma femme ?»
Haskins l'interrompt brutalement : «Parfait ! Merci, Hudson ! Inutile de jouer les amnésiques plus longtemps ! Vous espériez rentrer chez vous sans problème, n'est-ce pas ? En ayant soigneusement évité le n°7 Walsall Place ? C'est raté ! Ethel Mollet, la villa, le bassin aux poissons, nous savons tout, alors je vous écoute !»
Quel drôle d'individu ce George Hudson. Un fils de riche, méprisant et hautain. De ses parents morts, il avait hérité des rentes confortables. Ses rentes et son physique avaient ébloui une malheureuse petite bonne, Ethel Mollet. Ethel était si jolie. Une poupée ravissante et naïve, aux yeux de porcelaine et aux cheveux dorés. Elle était sa maîtresse, elle était enceinte, elle voulait se faire épouser? Et George, bon prince, a dit oui. Il a amené Ethel chez le pasteur, le pasteur a réclamé le consentement des parents, des gens pauvres, mais dignes qui habitaient en banlieue. George est aIlé les voir et a obtenu leur accord enthousiaste ! Leur fille allait être riche, elle ne serait plus domestique !
George emmène Ethel au n°7 Walsall Place, et lui intime l'ordre de n'en plus bouger jusqu'au mariage. Pour éviter les mauvaises langues, affirme-t-il... «Je ne veux pas que l'on sache qui tu es enceinte avant le mariage.»
Il confirme la date du mariage au pasteur et aux parents, tandis qu'il loue la villa et fait creuser le bassin. Puis il s'inquiète auprès des patrons d'Ethel de sa prétendue disparition. Avant qu'on cimente le bassin, il entraîne sa fiancée pour lui montrer leur future demeure. Ethel bat des mains de joie, alors il l'assomme, la ligote et la suspend par le cou à la balustrade du premier étage. Et dans la nuit, il l'enterre sous le bassin aux poissons, qui sera cimenté le lendemain.
Et tandis qu'il fait tout cela, qu'il va voir le pasteur, les parents, qu'il tue et enterre sa fiancée, il se rend chaque jour à Scotland Yard ou téléphone pour avoir des nouvelles de la disparition d'Ethel, signalée par ses patrons.
C'est diabolique. C'est parfaitement imaginé, et ça marche.
En 1908, George épouse Mary Strichell, veuve replète et encore plus rentière que lui. Cardiaque qui plus est, avec douze ans de plus que lui. Et il s'installe dans un bienheureux farniente en se disant que, selon toute probabilité, il sera veuf à son tour, sans grand effort cette fois. Dieu sait ce que peut devenir un c?ur malade, une petite peur par-ci, une petite fatigue par-là...
George raconte à l'inspecteur Haskins tout cela, avec un détachement teinté de regret. Un crime parfait, une si belle mécanique, s'écrouler pour un hasard stupide, il en est franchement navré.
Le n°7 Walsall Place était ce hasard, à croire que le fantôme d'Ethel s'y était installé et y avait attiré Mary Hudson. En Angleterre, on croit volontiers à ce genre de choses, et les maisons y ont une âme.
En Angleterre, à cette époque, on pendait aussi les meurtriers. George Hudson fut donc pendu. Et l'inspecteur Haskins se rendit à l'exécution. L'inspecteur aimait à dire : «Je ne crois pas au crime parfait. Rien de parfait n'existe au monde, seule la mort est parfaite puisqu'elle n'est pas perfectible.»
Un philosophe redoutable, cet inspecteur anglais.


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