Il faut s?y rendre pour y croire. Le barrage de Taksebt ne sert pas seulement à alimenter les habitants en eau potable. Ses immenses richesses, ses atouts insoupçonnables en font l?endroit rêvé pour déstresser et se repaître de la féerie de ses paysages. Soudain? un virage ! Le véhicule glisse sur une descente et l?impression de tomber dans un grand ravin nous habite tout d?un coup. Mais l?impression disparaît une fois le virage amorcé pour laisser place à une découverte. Un monde abyssal. Des lueurs scintillant sur un grand et immense lit bleu. De la verdure tout autour. Des oliviers sauvages perchés majestueusement sur une succession de monticules à l?infini. Pour le véhicule, il faut garer n?importe où et n?importe comment. Car après le virage, sur la route qui mène de Tizi Ouzou-Ville vers les Ouacifs, le temps s?arrête. Taksebt est comme un aimant. Plus on s?en approche, plus il nous colle à la peau. Plus on veut s?en débarrasser, moins on est tenté de quitter les lieux. Les eaux du barrage dorment paisiblement sans que les vrombissements des moteurs, qui résonnent même au loin, perturbent le profond sommeil. Pour toucher l?eau, il nous faut tout l?art des alpinistes et spéléologues, une dose de courage et beaucoup de perspicacité, car le relief est accidenté. Il faut aussi de la patience et éviter la moindre erreur d?appréciation si l?on ne veut pas être pris au piège de la boue dévorante. La route qui mène à la découverte de la source du Taksebt est tortueuse et très pittoresque. Tout est beau même avec des travellings interrompus et changeants de tempo à chaque virage, même avec des immondices laissés par des gens qui passent et repassent par là. Taksebt, c?est tout le contraire d?une ville et son vacarme tumultueux. C?est le chuchotement du silence. On y vient en cure pour se relaxer devant les eaux aux couleurs apaisantes. La grande nappe tapisse l'herbe de roche tout autour donnant un paysage féérique à la région. Au-delà, on peut contempler des parcours botaniques de minuscules canyons à la végétation luxuriante. L'air y est frais et pur. L'eau diamantée, ce cadeau des fées, pare les feuillages et dégage des odeurs enivrantes. Comme du nectar coulant des lèvres gonflées. Ah ! ce Taksebt, on aurait tant aimé être tout petit pour grandir, les pieds dans l?eau, laissant le brouillard nous envelopper dans la tendre intimité faite d?une musique silencieuse. Ah ! ce Taksebt, où la vie est si douce loin de la pollution. Là où dans les petits sentiers, le vécu et le rêve sont liés d'amitié. Le climat est doux et la végétation luxuriante presque partout. Les oliviers sauvages ont la chance de croître presque toute l'année. Ils nous accompagnent là où nous passons. Il y a aussi l'herbe jaunie et sèche avec de la mousse. Quelques écorces d?arbres jonchent le sol et disputent la palme aux ramassis des canettes de bière se trouvant à quelques mètres seulement de l?eau. Des fresques et des signatures agrémentent, elles, quelques roches et laissent penser que des passants ont voulu apposer leurs empreintes et faire comprendre à d?autres que chacun d?entre nous voit la nature à sa façon. La tentation d?immortaliser ce moment était si grande que nous avons laissé, nous aussi, la nôtre pour une précieuse tranche de vie avant de rebrousser chemin. La rencontre d?un endroit dont on croyait, à tort, la réputation surfaite valait le déplacement.