Pérennité n Le patrimoine musical demeure une problématique à défaut d?une politique de sauvegarde. Ahmed Serri, musicologue, met l?accent sur la nécessité de préserver le patrimoine musical en tant que mémoire pour les générations futures, précisant que, depuis l?Indépendance, l?Algérie a perdu vingt-huit maîtres de la musique classique algérienne. «Ils ont emporté avec eux, dans leur tombe, tout un pan de notre héritage culturel», dit-il. Ahmed Serri, rappelons-le, a contribué à la sauvegarde du patrimoine en s?attelant à mettre sur le papier de nombreux textes ; il a publié, en 1997, un recueil de chants andalous accompagné d?un CD. Par ailleurs, il souligne que plusieurs recueils, fruit d?un travail de recherche, existent chez de nombreux particuliers et qu?il était temps de les solliciter en vue de les transmettre au grand public. De son côté, Taoussa Hakim, directeur de l?Office national des droits d?auteurs (Onda), explique ce drame par le fait que «les textes juridiques, devant prendre en charge le bien culturel immatériel, ont mis, cependant, plusieurs années à évoluer, ne serait-ce que pour donner une bonne définition du patrimoine culturel, notamment musical». Il précise qu?une action d?envergure est mise en ?uvre par l?Onda pour préserver ce patrimoine musical. «Il s?agit de l?enregistrement de plusieurs centaines de morceaux (noubate et qaçidate du chaâbi) et également de la musique amazighe», confie-t-il. Ces enregistrements sont accompagnés d?ouvrages contenant textes et partitions, ce sont en fait des supports didactiques et pédagogiques ; ils seront, dans un premier temps, distribués aux bibliothèques, instituts de musique et centres d?archives, avant de faire l?objet d?éditions commerciales. Par ailleurs, M. Taoussa met l?accent sur la nécessité d?encourager les associations qui ?uvrent dans la préservation de ce patrimoine en leur donnant les moyens adéquats. Bagdadi Nessredine, auteur et producteur d?émissions radiophoniques musicales, directeur des archives à la Radio et spécialiste du patrimoine chaâbi, situe, quant à lui, le problème à un niveau autre : «Le problème ne se traduit pas par le manque d?ouvrages, puisqu?il en existe pas moins d?une soixantaine. Le problème, c?est que le patrimoine était ? et est considéré ? comme une subculture», ajoutant que «la plupart des travaux effectués dans ce domaine depuis 1964 sont épars et manquent de cohérence». Aussi interpellera-t-il les institutions étatiques pour un véritable travail d?équipes qui seraient composées de chercheurs tels que des anthropologues, des musicologues et des linguistes pour mieux cerner la question. Ainsi, la meilleure façon de sauvegarder notre patrimoine musical est la recherche, puis vient l?édition, garante de sa pérennité.