Résumé de la 12e partie n Alors que les premiers signes de la maladie ? la phtisie ? font leur apparition, un homme riche, le comte Stackelberg, la prend sous sa protection : il s?engage à la mettre définitivement à l?abri du besoin? Elle donne une réception dans son luxueux appartement et les invités sont nombreux. Il y a les habitués, mais aussi quelques nouveaux. Et parmi ces derniers, il y a Alexandre Dumas fils et son ami Eugène Dejazet. Tout à l?heure, à l?Opéra, Eugène est allé voir Marie et lui a fait part du désir de son ami de la rencontrer. «Il tient vraiment à me voir ? a-t-elle demandé ? Oui, a dit Eugène. Il en mourrait si vous lui refusiez une entrevue !» Pour toute réponse, elle a tendu au jeune homme deux cartons : il s?agit d?invitations pour la réception qu?elle donne dans la soirée. Durant tout le dîner, elle n?a pas cessé de regarder Alexandre. Il n?y a pas de doute qu?il lui plaît, à moins que, ce soir, elle ne veuille changer, être avec un autre. Depuis qu?elle sait qu?elle est malade et qu?il ne lui reste plus longtemps à vivre, Marie Duplessis a abandonné toute moralité et toute réserve. Elle se donne à tous les hommes, pourvu qu?ils promettent de satisfaire toutes ses volontés et, s?ils sont fortunés, de mettre leur argent à sa disposition. Plus que jamais, elle a soif de luxe et de somptuosité, comme si, n?ayant plus beaucoup de temps à vivre, elle voulait brûler la vie par les deux bouts. Alexandre est dans sa chambre et il est littéralement à ses pieds. «Tu m?aimes ? lui demande-t-elle. ? Oui, souffle-t-il. ? Tu feras tout ce que je te dirai ? ? Oui, dit-il encore. ? Jure-le !» Il le jure. Oui, il fera tout ce qu?elle voudra, il ira où elle voudra. Pourvu seulement qu?elle accepte de le recevoir encore dans cette chambre? Une fois dehors, en partie dégrisé, il ne ressent pas seulement de l?amour pour cette fille, mais aussi de la pitié? et du dégoût ! Alexandre a appris, depuis qu?il est jeune, à haïr les filles de m?urs légères qui l?ont privé, pendant de nombreuses années, de la présence de son père à la maison. A chaque fois qu?il en passait une sous les fenêtres, sa mère l?appelait et la lui montrait : «Ne te laisse jamais séduire par ce genre de femme !» Et aujourd?hui, il s?est laissé séduire ! Il en veut à cette femme et il s?en veut. Plus tard, dans La dame aux camélias, il la décrit en ces termes : «Cette fille me bouleversait. Ce mélange de gaieté, de tristesse, de candeur, de prostitution, cette maladie même qui faisait développer chez elle la sensibilité des impressions comme l?irritabilité des nerfs, tout me faisait comprendre que si, dès la première fois, je ne prenais pas d?empire sur cette nature oublieuse et légère, elle était perdue pour moi?» En attendant qu?il s?éloigne d?elle, elle l?a entièrement subjugué. Dès qu?il la voit, il perd tous ses moyens et tombe à ses pieds. Elle n?a qu?à ordonner et il exécute. Encore heureux qu?elle se contente de petits jeux câlins et qu?elle ne lui demande pas de commettre, par amour pour elle, quelque forfaiture. (à suivre...)