Résumé de la 38e partie n Dans l'île de Serendib, Sindbad fut bien reçu et resta quelque temps. Quand il ne faisait pas sa cour au roi, il se promenait dans l'île. Sindbad poursuivit son récit : «L'île de Serendib est située justement sous la ligne équinoxiale ; ainsi, les jours et les nuits y sont toujours de douze heures ; et elle a quatre-vingts parasanges de longueur et autant de largeur. La ville capitale est située à l'extrémité d'une belle vallée formée par une montagne qui est au milieu de l'île, et qui est bien la plus haute qu'il y ait au monde. En effet, on la découvre en mer à trois journées de navigation. On y trouve des rubis, plusieurs sortes de minéraux, et tous les rochers sont, pour la plupart, d'émeril, qui est une pierre métallique dont on se sert pour tailler les pierreries. On y voit toutes sortes d'arbres et de plantes rares, surtout le cèdre et le coco. On pêche aussi les perles le long de ses rivages et aux embouchures de ses rivières, et quelques-unes de ses vallées fournissent le diamant. Je fis aussi par dévotion un voyage à la montagne, à l'endroit où Adam fut relégué après avoir été banni du paradis terrestre, et j'eus la curiosité de monter jusqu'au sommet. «Lorsque je fus de retour dans la ville, je suppliai le roi de me permettre de retourner en mon pays ; ce qu'il m'accorda d'une manière très obligeante et très honorable. Il m'obligea de recevoir un riche présent, qu'il fit tirer de son trésor et, lorsque j'allai prendre congé de lui, il me chargea d'un autre présent bien plus considérable et en même temps d'une lettre pour le commandeur des croyants, notre souverain seigneur, en me disant : "Je vous prie de présenter de ma part ce régal et cette lettre au calife Haroun Al-Rachid, et de l'assurer de mon amitié." Je pris le présent et la lettre avec respect, en promettant à Sa Majesté d'exécuter ponctuellement les ordres dont elle me faisait l'honneur de me charger. Avant que je m'embarquasse, ce prince envoya quérir le capitaine et les marchands qui devaient s'embarquer avec moi et leur ordonna d'avoir pour moi tous les égards imaginables. «La lettre du roi de Serendib était écrite sur la peau d'un certain animal fort précieux à cause de sa rareté, et dont la couleur tire sur le jaune. Les caractères de cette lettre étaient d'azur, et voici ce qu'elle contenait en langue indienne : "Le roi des Indes, devant qui marchent mille éléphants, qui demeure dans un palais dont le toit brille de l'éclat de cent mille rubis, et qui possède en son trésor vingt mille couronnes enrichies de diamants, au calife Haroun Al-Rachid. Quoique le présent que nous vous envoyons soit peu considérable, ne laissez pas néanmoins de le recevoir en frère et en ami, en considération de l'amitié que nous conservons pour vous dans notre c?ur et dont nous sommes bien aise de vous donner un témoignage. Nous vous demandons la même part dans le vôtre, attendu que nous croyons la mériter, étant d'un rang égal à celui que vous tenez. Nous vous en conjurons en qualité de frère. Adieu."» (à suivre...)