Résumé de la 9e partie n Le squelette et les objets retrouvés dans le mausolée d?Abalessa et détournés vers les Etats-Unis par le comte Prorok, ont été récupérés. Ils sont actuellement au Musée d?Alger. La tradition targuie fait de Tin Hinan une reine musulmane qui, venue de l?ouest du Maghreb, a pris racine dans le pays, répandant la religion musulmane parmi les populations païennes. Une autre tradition, rapportée par un manuscrit découvert en 1969 à In Salah, en fait même un personnage relativement récent : Tin Hinan, fille d?un certain Saïd Malik, serait passée dans la ville en 1020 de l?hégire, soit en 1642 de l?ère chrétienne ! Mais il ne s?agit là que de légendes. Pour dater le monument, il est plus fiable de s?appuyer sur les objets qu?il contient. Ainsi, l?empreinte de la monnaie d?or de Constantin, frappée entre 308 et 324 de l?ère chrétienne, ainsi que la datation au carbone 14 d?un fragment du lit sur lequel reposait le squelette, situent le mausolée entre le IVe et le Ve siècles de l?ère chrétienne, en tout cas bien avant l?arrivée des musulmans au Sahara. Les nouvelles fouilles, entreprises en 1933, vont révéler d?autres objets qui confirment cette origine préislamique : c?est le cas de la lampe romaine, appelée la Victoire, dont on a arrêté la fabrication à la fin du IIIe siècle après J.-C. Le squelette retrouvé dans le mausolée d?Abalassa est-il vraiment celui de Tin Hinan, l?ancêtre des Touareg ? L?étude des restes, ainsi que des bijoux dont il était paré, montrent qu?il s?agit bien d?une femme. Elle mesurait entre 1,72 et 1,75 mètre, ce qui est très grand pour une femme, et elle était probablement âgée, à sa mort, d?une quarantaine d?années. Un décès aussi prématuré n?a été sans doute causé que par la maladie ou par un accident, mais l?examen du squelette ne suffit pas, à lui seul, à dire de quoi la jeune femme est décédée. En revanche, l?analyse de sa colonne vertébrale a révélé une déformation importante des vertèbres lombaires et du sacrum. Le personnage avait donc une infirmité qui devait le faire boiter. Or, dans son Histoire des Berbères, Ibn Khaldoun rapporte que l?ancêtre des Houara, auxquels les Touareg sont traditionnellement apparentés par les généalogistes musulmans, s?appelait Tiski la Boiteuse. Les deux personnages ne font peut-être qu?un, même s?ils portent des noms différents. Mais peut-être que Tin Hinan, en targui «celle des campements», n?était que le surnom et non le nom de la reine de l?Ahaggar. Aujourd?hui encore, pour préserver de toute atteinte l?ancêtre, son nom n?est jamais donné comme prénom, alors qu?au Nord, notamment en Kabylie, il fait partie des nouveaux noms à la mode. Le nom de Tiski, lui, doit être rapproché du targui nigérien teske (bienfait). Il est attesté dans l?antiquité et au Moyen Age.