Le 21 décembre 1911 commence l?épopée de la bande à Bonnot, avec le premier braquage en auto. Ce jour-là, quelques «illégalistes» deviennent les «bandits tragiques». Ce 21 décembre 1911 vers 9h du matin, Bonnot, Octave Garnier, Callemin (dit Raymond-la-science) et un quatrième homme décident de s?attaquer à la Société Générale, rue Ordener, à Paris. Le garçon de recette est gravement blessé. En plein jour, ses quatre agresseurs le dépouillent de sa sacoche, vident ses poches et sautent dans une automobile. Le butin est plutôt maigre, des titres et seulement 5 000 francs en espèces. Le lendemain, les journaux se déchaînent sur la bande qui défraye la chronique. Après avoir abandonné leur automobile à Dieppe, ils reviennent à Paris, traqués par la police. Ils ne savent que faire, ils errent, traqués, dans la ville, sans évasion possible, prêts à se faire tuer n?importe où. Par solidarité, pour partager cette amère joie du risque mortel, d?autres se joignent à eux : René Valet, 21 ans et André Soudy, 20 ans. Soudy a travaillé dès l?âge de 11 ans comme garçon d?épicerie, et, très tôt syndicaliste, il est condamné trois fois pour «outrages à agents» et trois fois emprisonné, ce qui en fait un révolté. A la veille de Noël, Garnier et Callemin trouvent refuge chez Kibaltchiche (Victor Serge) et Rirette Maitrejean, un couple d?anarchistes. Plus tard, le 3 janvier 1912, un rentier de 91 ans et sa servante sont assassinés à Thiais, 2, rue de l?Eglise. A défaut d?arrêter les bandits, le 31 janvier, la police fait une descente au siège de l?Anarchie, perquisitionne six heures durant et incarcèrent tous les assistants. Kibaltchiche et Rirette sont arrêtés. Tous deux refusent de livrer Garnier et Callemin. La bande ne reste pas inactive. Rendus confiants par leurs succès, de nouveaux coups de main ont lieu, avec mort d?hommes. La bourgeoisie prend peur, la presse continue de se déchaîner et la traque policière s?organise. En France et en Belgique, ils tentent, avec plus ou moins de succès, un certain nombre de «reprises». Deux armureries sont pillées à Paris. A Gand, ils volent la voiture d?un médecin. Dans la même ville, le 25 janvier 1912, le vol d?une seconde voiture tourne moins bien. Ils sont surpris par un chauffeur qui est assommé à coups de clé anglaise. Un agent de police les interpelle. Callemin l?abat. C?est au tour d?un certain Eugène Dieudonné de se faire arrêter. C?est un anarchiste et Caby, le garçon de recette de la Société Générale, le reconnaît comme son agresseur. Dieudonné nie sa participation au hold-up de la rue Ordener. (à suivre...)