Le siège se fait plus pressant. Le pavillon est dynamité. Des débris de pierres et terre frappent Bonnot. Il se réfugie entre deux matelas. Il saigne abondamment. Une nouvelle fois, le pavillon est dynamité. Les policiers décident d?entrer dans le pavillon. Après avoir traversé la première pièce, ils débouchent dans la chambre. Bonnot est là. Luttant contre le dégoût, le chagrin et la fatigue, il s?écrie : «Salauds.» Il a encore la force de tirer trois coups. Les autres ripostent. Peu à peu les taches de sang sur le sol s?élargissent. C?en est fini de l?homme, symbole de l?illégalisme. Bonnot a été atteint de six balles. Il arrive à l?Hôtel-Dieu où il rejoint, à la morgue, Dubois. Ce Dubois qui n?était ni un voleur ni un assassin. Tout simplement un homme fidèle à son idéal anarchiste, fidèle à ses amitiés, et qui a poussé le sacrifice jusqu?à avertir Bonnot par ses cris et à se faire tuer pour son ami. En attendant, la police parade et une vente aux enchères se tient sur l?emplacement du pavillon. Il reste deux membres de la bande à Bonnot en liberté. Garnier et Valet sont toujours en cavale. Ils logent dans un pavillon de banlieue, à Nogent-sur-Marne. Le 14 mai, la sûreté les a repérés. Pour éviter la mascarade de Choisy, tout a été fixé et préparé dans le plus grand secret. Ce sera pire. Le pavillon est cerné et les inspecteurs de la sûreté entrent dans le jardin, où ils sont accueillis à coups de pistolet. Le siège le plus fou des annales de la criminalité va commencer. Pour tuer Garnier et Valet, il faudra neuf heures d?une fusillade nourrie, des centaines de policiers, un bataillon de zouaves sur le pied de guerre. Sans parler de plusieurs mitrailleuses lourdes mises en batteries. Durant la fusillade, plusieurs inspecteurs de police sont touchés. Un nouveau bataillon de zouaves, soit trois cents hommes, arrive au pas de gymnastique. Ils sont salués par les ovations de la foule, de plus en plus dense. Deux cents gendarmes, munis de leurs carabines, se placent en embuscade, tandis que des zouaves postés sur un viaduc projettent d?énormes pierres sur la toiture. Puis le pavillon est dynamité ; la toiture s?est envolée mais les deux hommes sont toujours là. La nuit est tombée maintenant. A minuit quarante, mille personnes au moins se massent aux abords du pavillon. Deux compagnies de zouaves supplémentaires sont dépêchées. On tente de dynamiter le pavillon une nouvelle fois, sans succès. (à suivre...)