Valet et Garnier se déchaînent et un inspecteur est de nouveau tué. La troupe arrête le feu faute de munitions. Le ministre de l?Intérieur arrive sur les lieux. Après avoir éventré le pavillon à la dynamite, les policiers tentent une approche. Tout à coup, c?est la débandade. Garnier et Valet les mitraillent à bout portant. La fusillade fait deux blessés. Enfin sonne le «cessez-le-feu». Ce sera le dernier. Pêle-mêle, soldats et policiers se lancent à l?assaut. La bousculade est générale. Ils arrivent enfin dans la pièce où sont retranchés les deux hors-la-loi. Le spectacle est hideux. Du sang partout, sur le plancher, sur les murs. Des douilles de balles par centaines. Il est deux heures du matin. Les deux assiégés tirent toujours, blessant plusieurs agents. Ils tiendront ainsi en respect plus de 500 militaires, ainsi qu?une foule hystérique. A trois heures, tout est accompli. Octave Garnier et René Valet, qui tentent une dernière fois de tirer, sont abattus. On découvre alors les corps de ces deux jeunes de 22 et 21 ans, criblés de balles. Le siège a duré plus de neuf heures. Ce 15 mai 1912, cent mille personnes se précipiteront sur les lieux du drame. Le lendemain, les corps sont jetés dans la fosse commune du cimetière de Bagneux. Dans la poche d?Octave Garnier, on trouvera ces mots : «Réfléchissons. Nos femmes et nos enfants s?entassent dans des galetas, tandis que des milliers de villas restent vides. Nous bâtissons les palais et nous vivons dans des chaumières. Ouvrier, développe ta vie, ton intelligence et ta force. Tu es un mouton : les ?sergots? sont des chiens et les bourgeois sont des bergers. Notre sang paie le luxe des riches. Notre ennemi, c?est notre maître. Vive l?anarchie.» Bonnot et ceux de sa bande tués ou assassinés par la police, il restait leurs complices toujours incarcérés. Le procès débute à Paris le 3 février 1913. Le 27 février, après 25 jours de débat, s?achève le procès des survivants de la «bande à Bonnot». La vindicte publique, par l?entremise de ses juges, peut éclater : Raymond Callemin, André Soudy, Antoine Monier et Eugène Dieudonné sont condamnés à mort ; Paul Metge et Edouard Carouy sont condamnés aux travaux forcés à perpétuité (ce dernier se suicidera par empoisonnement, le lendemain, dans sa cellule). Pour les autres complices (ou supposés) Jean De Boé, dix ans de travaux forcés ; Raymond Gauzy, 18 mois de prison ; Victor Kilbatchiche, 5 ans de prison. Seule Rirette Maitrejean est acquittée. (à suivre...)