Résumé de la 8e partie n Une expédition contre Alger se prépare : le roi de France cherche beaucoup plus à détourner son opinion publique des problèmes intérieurs qu?à punir une offense faite à son consul ! Le 7 février 1829, le roi Charles X donne son accord pour une expédition contre Alger. Bourmont a déjà recruté ses hommes de main, dont un certain Brun d?Aubignose, un ancien directeur de police de l?Empire, rompu aux affaires d?espionnage et qui présente, dans le cas de l?expédition d?Alger, l?avantage d?être arabisant. Il étudie la situation politique en France et examine les conditions et les avantages de l?expédition. Dans son ouvrage sur le pillage des trésors d?Alger, Pierre Péan cite in extenso le rapport qu?il a remis à Bourmont. Il attire d?abord l?hostilité de la Chambre des députés à l?expédition, mais recommande de ne pas provoquer sa dissolution : de nouvelles élections pourraient rapprocher les partis d?opposition et les coaliser. Il faut donc conserver la Chambre actuelle, mais en l?ajournant pour l?empêcher de s?exprimer. Comme la situation risque de ne pas durer, il faut s?empresser de prendre Alger ! Brun d?Aubignose commence par réfuter l?idée qu?il est trop tard pour entreprendre l?expédition dans l?année en cours, en raison des chaleurs de l?été. «Si d?un côté, il serait préférable pour les troupes de prendre terre dans les mois les plus tempérés de l?année, de l?autre côté, cet avantage se trouve largement compensé par l?assurance de rencontrer, pendant les jours de canicule, les calmes et les brises légères si favorables au débarquement.» A ceux qui soutiennent qu?Alger est une ville imprenable et qu?un débarquement poserait des problèmes insurmontables, d?Aubignose répond que si les tentatives de conquête de la ville ont jusque-là échoué, c?est parce que les expéditions étaient mal préparées, les moyens insuffisants et surtout les chefs militaires incompétents. Ce ne sera pas le cas pour l?expédition qui se prépare ! «Alger doit être enlevée en 20 ou 30 jours, à partir du moment où on ouvrira les travaux contre les murs et tours de l?enceinte.» Le rapporteur arrive au trésor que, selon les opposants à l?expédition, les Turcs auraient évacué avant l?arrivée des Français. D?autres nient même l?existence d?un trésor à Alger. «L?existence du trésor d?Alger est un fait aussi notoire que celui d?une banque de France ou d?Angleterre. Le dey, quoique propriétaire, n?est qu?usufruitier et d?une singulière nature encore, car il ne dispose qu?avec l?avis de tous les janissaires et dans des cas prévus et invariables. Ce trésor s?alimente de produits fixes que rien ne saurait en détourner. L?encaissement des recettes, tout comme la sortie des dépenses, se fait avec la plus grande authenticité?» D?Aubignose écarte une autre idée : celle que les Turcs évacuent le trésor. Il ne sera pas possible de l?envoyer en Turquie à cause du blocus ni de le transporter à l?intérieur des terres à cause des tribus algériennes qui ne manqueraient pas de s?en emparer. «Alger sera prise, conclut le rapport, et avec cette ville, les richesses qu?elle renferme. Les frais de l?expédition ont été couverts par les richesses trouvées dans cette ville : il y a un boni !» Voilà donc le mobile réel de l?expédition : s?emparer des richesses d?Alger. Avec l?or qu?on aura en grande quantité, le roi de France pourra corrompre de nombreuses personnalités et ainsi gagner les élections? Et si on doit invoquer «l?honneur français» à défendre, ce sera uniquement pour la forme? (à suivre...)