Résumé de la 10e partie n Malgré l?opposition de nombreux milieux français, y compris dans l?armée, le corps expéditionnaire met le cap sur Alger. Le 13 juin 1830, les navires français approchent de Sidi Fredj. Dans l?un d?eux, l?écrivain Jean-Toussaint Merle, qui fait partie, à titre de reporter, de l?expédition, est stupéfait par la beauté de la ville : «Une grande masse blanche se détacha d?une manière éblouissante sur un fond d?un beau vert.» (Dans Anecdotes historiques et politiques pour servir à l?histoire de la conquête d?Alger, Paris, 1830). On s?étonne de ne distinguer aucun mouvement, ni sur le port ni dans la ville, mais dès que le premier bateau français tire, la batterie turque répond. Puis le calme revient. Le débarquement ne commence que le lendemain. Les forces ennemies sont trop nombreuses pour que la petite ville puisse résister longtemps. La batterie est enlevée et, à 17 h, le maréchal de Bourmont installe son quartier général dans la ville, désertée par sa population. Le corps expéditionnaire s?installe, en attendant l?arrivée du matériel de siège et la marche sur Alger. Celui-ci devait suivre de près l?armée, mais il a été retardé. Il faut patienter jusqu?au 28 juin pour le voir arriver. En attendant, les officiers et les soldats mènent la belle vie, mangeant et buvant les réserves de nourriture et de vin embarquées de Nantes. Pour «faire passer le temps» à la troupe, Bourmont la lance, le 19 juin, sur la localité de Staouéli. La population civile est massacrée et les soldats s?emparent d?un riche butin. «Les riches dépouilles du camp ennemi, tombées au pouvoir de nos soldats, écrit Merle, opérèrent une sorte de révolution dans leur moral ; ils commencèrent à se faire une idée du luxe et des m?urs de l?Orient? On se croyait acteur dans un des merveilleux contes des Mille et Une Nuits et, dès ce moment, la conquête d?Alger s?offrit à toutes les imaginations sous les couleurs les plus brillantes. On ne rêvait plus que trésors, harems et palais. Le soir même, on amena, au camp de Sidi Ferruch, une partie du butin? On rencontrait de tous côtés, des soldats chargés de butin?» Le matériel attendu arrive et, le 29 juin, les troupes d?invasion prennent la route d?Alger. Le même jour, elles s?installent sur les pentes du Djebel Boudjarka qui domine Alger et Fort l?Empereur, là où se trouvent les consulats étrangers. Des gardes et un émissaire sont dépêchés au consul anglais, Saint-John, le chargeant d?un message au dey et lui demandant de rendre visite à Bourmont dans son quartier général. Saint-John refuse, mais accepte de recevoir le maréchal. Mais celui-ci est fort occupé, puisqu?il a entrepris l?occupation et la fortification de maisons qui vont servir de système de défense, pour s?emparer de Fort l?Empereur. Des batteries sont installées et, dans la nuit du 3 au 4 juillet, Fort l?Empereur, la citadelle qui protège la ville et où se trouve le trésor de la Régence, est bombardé. Les canons du dey répondent et l?échange va durer près de cinq heures. Puis une terrible explosion se fait entendre : la poudrière, que l?on ne veut pas abandonner à l?ennemi, vient de sauter. Les défenseurs se sont repliés dans la ville, abandonnant le Fort à l?envahisseur. Bourmont peut ainsi l?occuper. Un témoin de l?époque, un Algérien descendant de Turcs, Hamdan Khodja, a expliqué dans le livre qu?il a publié en 1933 sur la conquête d?Alger, que si la victoire des Français a été aussi rapide, c?est parce que le dey a été trahi par son khaznadji, son Premier ministre en quelque sorte, qui a mal organisé la défense dans l?espoir de provoquer la chute du dey Hussein et de prendre sa place? (à suivre...)