Fortement éprouvés par les années noires du terrorisme, les habitants de cette localité démunie sont, aujourd?hui, prêts à pardonner, à défaut d?oublier. Seulement, ce qu?ils attendent, au-delà de la réconciliation, c?est du travail et un quotidien plus digne. Les constructions de deux étages alignées forment l?artère principale de Ouezra, une localité située à 2 km à l?ouest de Médéa. Les boutiques, encastrées dans un néant, étalent leurs maigres marchandises. Sur les trottoirs, propres, toutes sortes de légumes et fruits saisonniers fraîchement cueillis, sont exposés. Les cafés sont peuplés de personnes humblement habillées, des paysans pour la majorité. Les filles en hidjab traversent les rues d?un pas rapide. La parabole indique une connexion feutrée avec le monde réel. L?air frais évoque l'approche d'un hiver qui doit être rude dans la région. La petite localité est plongée dans sa misère, ses peines, ses rêves et rien n?indique qu?à un moment elle était propulsée sur le devant de la scène par des événements tragiques, il est vrai. Les habitants ont-ils oublié ce qui leur est arrivé ? Absolument pas. Dès que la discussion est entamée sur ce passé sombre pas très lointain, les gens se regroupent et les langues se délient. Sans rancune, avec une pointe de sympathie déconcertante que ces gens se partagent, ils parlent de la peur vécue du «couvre-feu» (des terroristes) instauré à 16 h, des massacres collectifs qui ont endeuillé cette petite localité élue un certain été par le malheur. «Heureusement qu?il y avait des hommes», témoignent la plupart en parlant de leurs enfants qui ont pris les armes, des autres enfants du peuple, enrôlés dans l?ANP, qui étaient à leurs côtés. Aujourd?hui, tout le monde s?accorde à dire que «la situation s?est améliorée».