Mémoire n La localité d?Ouezra a vécu le mal. Les habitants parlent de ce passé comme étant lointain. Mohamed, employé dans un dépôt d?une limonaderie, témoigne : «Lors de la décennie noire, deux de mes collègues ont été enlevés par les terroristes, sans motifs apparents. On ne sait pour quelle raison, puisque c'étaient des gens sans histoire.» Il nous fera savoir qu?au village de Hay Zehaf, les habitants des villages ont décidé d?alerter les éléments de l?ANP, sur la présence d?un groupe de terroristes. Quelques instants plus tard, un hélicoptère arrive. Il tire un missile, sept terroristes sont tués. Pour les venger l?émir arrive le lendemain au village, il regroupe les habitants, les hommes avaient fui, il ne restait que les femmes et les enfants. Malgré cela, l?émir décide d?égorger au hasard sept personnes, entre enfants et femmes, l'équivalent du nombre de ses hommes tués. Kada Mourad dira qu?il a perdu toute sa famille, il y a trois années, «les terroristes les ont tués, il ne reste que mon frère et mon père», témoigne-t-il. A hay El Kaf un massacre a eu lieu en 1996. Une famille de 21 membres a été décimée. Le chef des patriotes de la localité Rabie Gheraba, vice-président, nous dira qu?au village de Tibouz, 19 membres d?une même famille, ont été tués par les terroristes. «Les terroristes sont venus avec un tracteur prendre la semoule de l?entrepôt de la Caps. Ils ont tiré sur un blindé et touché cet eucalyptus, qui est toujours brûlé. Les militaires les ont ensuite tués.» Devant le siège de la garde communale prés du café El-Feth, un jeune nous raconte une scène qu?il a vécue, les gens écoutent attentivement même si la majorité connaît cette histoire. «Une fois, les terroristes sont venus avec un camion Toyota rempli d?explosifs, de loin un garde les a vus, il a tiré sur la roue. Le camion tourne à gauche explose plus loin sans faire de gros dégâts.» Deux gardes juchés sur la guérite écoutent. Interrogés sur la réalité des faits, ils approuvent de la tête et déclarent en souriant : «On ne parle pas à la presse.» Un jeune intervient : «Souvenez-vous lorsque les terroristes ont attaqué la caserne» «Quoi ?» «Oui, c?était tout à fait au début. Les terroristes ont réussi à pénéter jusqu?à la cour, mais le renfort est arrivé. Les terroristes ont été abattus.» «Pour connaître les dégâts, fais un tour du côté du cimetière», conseille un vieux. Par deux fois, on avait dû creuser les tombes avec des Poclain.» Ouezra compte quelque 200 victimes, selon les habitants.