Pardon n Malgré tout, les habitants de cette localité se disent pour la réconciliation. Chacun explique ses raisons. La plupart des personnes interrogées sur la réconciliation nationale se montrent à première vue, «d?accord avec le président», car «c?est la seule solution valable qui s?offre aux Algériens», «on n?a pas de choix», disent d?autres. «Montrez-moi un Algérien qui est contre la réconciliation», dira Amar, commerçant la soixantaine bien entamée. Son voisin, plus âgé, affirme, pour sa part : «Le pardon est une valeur de l?islam.» «Du temps de la terreur, mes enfants installés à Alger ne venaient pas me voir à cause de ce qui se passait. On se voyait rarement. Mais maintenant, ils viennent chaque week-end pratiquement», dira l?un d?eux. Un garagiste du centre-ville s?exclame : «Laissez-moi tranquille, de quelle réconciliation ils parlent ? Les gens sont d?accord. Ils ont compris la chanson, mais on veut du concret, du travail, du logement. Le pouvoir bluffe avec cette histoire !» Le garagiste s'arrête de parler pour interpeller un adolescent qui passait devant son magasin «Viens leur raconter ton histoire.» Le jeune 15 ans à peine, déclare : «On a tué toute ma famille sauf mon frère, mon père.» Le garagiste revient à la charge : «Ils ne reçoivent aucun sou de l?Etat.» Le jeune Mourad Kada confirme et ajoute qu'ils vivent dans le dénuement le plus total: «On habite dans un bidonville.» Il souligne cependant : «Je suis pour la réconciliation.» Est-ce par conviction, ou est-ce une affirmation de circonstance ? Pas besoin de fouiller davantage dans cette jeune âme meurtrie. «La paix et l?oubli sont les meilleurs remèdes», explique un citoyen. Le chef des patriotes de Ouezra actuellement vice-président de l?APC déclare : «En ma qualité de citoyen, je suis d?accord pour la réconciliation. L?Etat avait besoin de nous, nous avons pris sans hésitation les armes. Maintenant que la sécurité revient, on approuve la réconciliation. Car c?est un bon choix.» Il fera savoir que six repentis vivent à Ouezra. «L?un deux travaille avec nous à l?APC. On a de bons rapports», ajoute-t-il. Les gens, rencontrés dans les cafés, s?étonnent lorsqu?on leur pose la question. «Qui peut être contre la réconciliation ?», répondent-ils. Mohamed, gérant d?un café, explique que c?est bien pour le pays : «Je ne suis pas particulièrement touché par le terrorisme, mais je suis pour la réconciliation», estime-t-il. Les jeunes moins enthousiastes s?intéressent à l?après-réconciliation, «oui, à la réconciliation. Mais pour l?emploi ?», disent-ils. Plus de cinquante habitants, d?âges et de catégories sociales différents, questionnés sur le sujet, se disent être majoritairement pour. Sont-ce des réponses circonstancielles ou bien découlent-elles d?une vraie conviction ? Le temps nous le dira.